Scène 1
La scène se déroule sur la terrasse d’un bar taurin en face d’une arène de capitale inconnue, un certain dimanche, un certain matin, incertain mois de mai. Un banderillero présente un aficionado à un groupe de taurinos et disparaît au bar pour commander quelques cafés. Happé par des connaissances, absorbé par le milieu, il ne revient pas en scène.
L’apoderado : Oh t’y es Français !? d’où tu connais R ?
L’aficionado : Par des copains qui l’ont connu alors qu’il était novillero, ça fait un petit moment
L’apoderado : Et tu es là pour voir la novillada ce soir ?
L’aficionado : Non, je pensais et finalement je vais à une tienta, suis venu pour San Agustín del Guadalix
[un personnage indéfini aux côtés de l’apoderado ricane en ondulant]
L’apoderado : Voir les Reta ?! ohhh putain t’es accro’ [il se tape le creux du coude comme pour faire apparaître une veine] mais c’est pas de la tauromachie ça ! d’ailleurs ça n’existait plus et pour une bonne raison ; et puis c’est même pas du bétail brave !
[un personnage indéfini aux côtés de l’apoderado ondule en ricanant]
L’aficionado : ah oui… effectivement c’est pas trop fait pour le toreo moderne ; la fiereza…
L’apoderado : C’est pas de la fiereza, c’est de la fuite, on l’a bien vu à Céret ; c’est pas brave, ça ne devrait même pas exister
[un personnage indéfini aux côtés de l’apoderado hoquète d’approbation]
L’aficionado : En fait, personne n’est obligé d’y aller, apparemment y’a un public, en tout cas il y a des gens qui y vont. Et puis paraît que c’est pas mal sorti à Estella, bon enfin ce que j’en dis…
L’apoderado : Noooon ; ça n’a rien à faire en piste ça ! c’est comme euh je sais pas moi… Nicoletta ! si elle fait plus de concert c’est qu’elle a plus de voix, elle a cancer eh ben elle monte plus sur scène !
Scène 2
L’aficionado et un ami devisent à la sortie des arènes de San Agustín del Guadalix
L’ami : Finalement c’est la « chèvre » sortie en sobrero du 5 qui a été la plus foutraque en piste. Pas impossible que les Navarrais d’antan ressemblaient à ça d’ailleurs…
L’aficionado : C’est bien possible, en tout cas je les imaginais pas aussi profonds que certains toros sortis aujourd’hui, avec ce poitrail immense.
L’ami : La corrida d’Estella avait donné pas mal d’espoir, c’était vraiment méchant ! là c’était surtout manso et décasté ; et pas grand-chose d’autre.
L’aficionado : On va pas dire non plus que c’était une promenade de santé pour les toreros… Moi j’étais mieux dans les gradins mais oui c’est sûr qu’on attendait que ça grimpe aux arbres pour aller mordre les cigognes. Bon de ce point de vue-là c’est décevant, c’est clair
L’ami : Pour le moins.
L’aficionado : Après, si Reta c’est vraiment comme le cancer de Nicoletta, c’est plutôt une bonne nouvelle pour elle.
L’ami : Ouais… tu sais, le cancer, c’est comme tant de choses : la guerre ou la famine… la pauvreté ou les perches à selfie… ou encore les arguments des antis recyclés par les taurins…
L’aficionado : Ça devrait pas exister ?