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Juli Maravilha

D’après des sources invérifiées, Nicoletta est donc malade, mais avant-hier c’est Rita Lee qui a cédé face au crabe. Triste nouvelle, sa période « Os Mutantes », assez chabraque ; m’a toujours semblé une merveille de liberté créative, d’essais en tout genre, avec ce talent brésilien pour dévorer les influences étrangères pour mieux les régurgiter ensuite. Rendre au centuple à la grande Nature disait l’autre en digressant sur une charogne. Nicoletta, elle, a eu le bon goût à l’heure de pomper dans l’autre sens, de choisir un bijou de chanson de Jorge Ben. Le résultat est ce qu’il est. La version originale décrit dans le détail un but extraordinaire d’un attaquant du Flamengo lors d’un match amical face au Benfica : Fio dribbla deux défenseurs centraux, élimina le gardien et ne rentra pas dans le but avec le ballon par humilité. La version française, elle, empile plutôt les clichés.

Dans la famille du toreo puissant et technique hier à Las Ventas, la démonstration est venue du Juli qui revenait face aux toros de la Quinta après l’énorme et émouvant effort l’an dernier à Madrid face à un toro dangereux de ce même élevage. La prestation s’était alors soldée par une série de pinchazos en essayant d’entrer « bien » pour une fois (me semble-t-il) et noyée dans les larmes. Hier, Julian López a pressé le citron de ‘Bandolero’, jusqu’à lui permettre d’exprimer ce filet de forces accommodé d’une dose de caste sur lesquelles personne ne misait au moment où Alvaro Alarcón lui rendait les outils. Certes le petit gris avait montré  (une certaine) bravoure au cheval sans les moyens physiques de ses intentions. Il fallait baisser la main et le toro fut servi, des deux côtés quand la gauche semblait plus évidente : Bernadette Soubirous portait des bas roses, un costume gris et or et élevait la pédagogie au rang de miracle : au début était la méthode et chaque série une remise en question. Il faut bien admettre que ‘Bandolero’ allait a mas dans les séquences et au gré de la faena. Vous objecterez à raison qu’avec pareille faiblesse on aurait été en peine d’imaginer le chemin du « menos ». Il manqua à la démonstration l’émotion du toro pour être autre chose qu’une séance de tableau noir (entrepelado). Le demi Julipié qui suivit finit de refroidir les plus nerds.

Alvaro Alarcón avait auparavant pris l’alternative avec le toro ‘Cocherito’, prompt au cheval (un cite à peine esquissé et un battement d’étrier suffirent à la deuxième rencontre) mais en surpoids et peu endurant, il promena une demie-charge au pas que le nouveau venu comprit après quelques brouillons. Il fallait donc citer à la hanche, de la gauche et baisser la main. Naturelles à droite épée au sol pour finir, mais faute de charge l’exercice résulta en une expulsion du toro à l’extérieur. Une épée extra plate en finit avec lui.

Nous avions donc vus après deux toros le peu qu’il y avait dans cette course. Moins de faiblesse mais beaucoup moins de caste sur le reste : Roca Rey fracassa dans la chiffonnade avec ses deux adversaires, notamment le premier et entendit une partie du  public le lui faire comprendre.

Juli abrégea au 4. Le 6 semblait pouvoir permettre un petit quelque chose dans des mains ultra expertes : il n’en fut rien et la lassitude le gagna vite. José Chacón sauva la deuxième partie du naufrage total avec une paire merveilleuse dans le berceau.

Tard dans la nuit, passant devant les arènes, Rita Lee dans une reprise de Françoise Hardy sussurait : « le dernier bonheur du jour, c’est la lampe qui s’éteint. Pam pam pam… »

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