logo

Tous ces amours de courte haleine

Tous ces amours de courte haleine embellissaient nos vies,
d’un éclat mauve de bruyère, au Mont sans souci

Nous nous fréquentions de loin en loin, quand cela tombait. J’avais voulu être proche, j’aurais voulu l’être, j’aimais bien le « personnage » sans trop savoir ce qui tenait de la construction artificielle mais campagnarde destinée à vendre du vinyle (entendez du marketing) et de la sincérité. Comme pour beaucoup de disciples assumés de Leonard Cohen, j’avais cet a priori tout disposé au compagnonnage sur la route d’une carrière, mais je ne l’ai attrapé que d’étape en étape, accroché par quelques chansons, probablement plus si j’avais eu la constance d’écouter tout l’œuvre. Murat pouvait être incisif et chirurgical en interview : je me souviens 20 ans après de cette vérité absolument première et définitive à laquelle je crois infiniment qu’il édicta dans un numéro de So Foot : « il faut toujours qu’il y ait un fan de Michel Sardou dans une équipe de foot » que les scouts et autres recruteurs devraient avoir encadrée dans leur bureau.

Un jour, je l’avais surpris à parler de la corrida sans toutefois avoir entendu parler de lui sur les gradins de telle ou telle arène : « On est dans un monde ultramoral où la virilité est vue comme un défaut (…) On me reproche de faire trop de disques, de parler fort, de dire n’importe quoi…Pour moi, tout ça, ce sont des effets secondaires de la virilité. Moi j’aime la corrida, le vin rouge, la virilité, le machisme » (Libération, 2009).

Je ne retrouve pas celle où il évoquait les bonnes femmes qui empêchent leurs mecs d’aller aux toros, vous vous satisferez donc de cela à propos de La Tige d’or : « J’y pointe quelque dérives féministes. Un chanteur n’est pas là pour assurer le fond sonore d’une époque mais aussi pour intervenir (…) Les femmes se comportent aujourd’hui en glacier. C’est Eros et Dionysos qu’elles tuent en nous dévalorisant. Il est donc temps de redevenir machiste, d’aimer les corridas, de pincer les fesses des filles ou de leur dire ta gueule » (l’Express 2009). Bref, JL avait pigé la dimension scandaleuse de la tauromachie bien dix piges avant que Ruben Amon n’en fasse un bouquin (très recommandable). De là à en faire un aficionado…

Reste l’œuvre, pléthorique et pesante dont je n’ai perçu que quelques bribes, sûr dans ses références : reprise de l’adaptation en Français de « Avalanche » de Leonard Cohen par Graeme Allright dans l’album hommage au Canadien « I’m your fan », il avait consacré un magnifique album de poèmes de Baudelaire mis en musique par Ferré « Charles et Léo », ou repris une hilarante chanson irrévérencieuse du 19è « le pape musulman »… sans parler de ses compositions originales : Fabuleux album, « Mustango » était privé de l’impeccable « New Yorker » qui n’avait eu droit qu’à la face B du single (ou un peu plus) du cinéphile et cinématographique « Au Mont sans souci ».

Laisser un commentaire

*

captcha *