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Era noche de Santiago

Tudo era apenas uma brincadeira
E foi crescendo, crescendo, me absorvendo
E de repente eu me vi assim completamente seu
Vi a minha força amarrada no seu passo
Vi que sem você não há caminho, eu não me acho
Vi um grande amor gritar dentro de mim
Como eu sonhei um dia

Les hasards sont parfois heureux. Nulle surprise à l’heure de la revente à la découpe de l’abono de la San Isidro 2023 que les places pour la course de Santiago Domecq n’aient pas trouvé un écho démesuré et pour tout dire m’étaient restées sur les bras ; le cartel m’avait même dissuadé d’inviter qui que ce soit… Oui, certes, les toros de « Santi » sortaient pas mal ces derniers temps, mais le programme avait tout de ces courses de remplissage qui pullulaient dans les ferias précédentes et auxquelles la réduction de 30 à 23 courses a été fatale.

Les mains dans les poches, l’attention dans les nuages et le ciel récemment menaçant, je retrouvais donc mes voisins de Las Ventas et les complaintes multiples : que la lluvia… que los toros… que el frío… Beaucoup ne s’étaient pas donnés la peine de se déplacer pour déclamer de la lassitude et le béton affleurait çà et là, inondant les tendidos 5 et 6. Attention très distraite au programme, un coup d’œil à l’insta des arènes pour remarquer le toro ensabanado botinero capirote (paresseusement décrit cárdeno claro), vérifier que Fernando Adrían avait déjà confirmé et que rien ne justifiait le paseo découvert et avouer à mon voisin Vicente que je n’excluais pas de récupérer de mon déficit de sommeil pendant la course.

Ce premier toro avait quelque chose, quoi, je ne sais pas trop quoi, de la caste intermittente peut-être : une corne droite mais une propension à « tarder », à vrai dire ce sont les quatre « contacts » de Saldivar avec ‘Manosfinas qui impressionnèrent le plus. À commencer par les Américains du rang derrière peut-être. Le Mexicain était venu pour mettre la viande sur le grill et fut servi : hommages aériens en série à Richard Milian, souvent par maladresse ou imprudence assez peu goûtés par le public madrilène. Une bonne série à droite, puis une autre avortée par un désarmé. Le reste très brouillon, très exposé (pedresina à genoux au centre pour commencer ; vous m’en direz tant).

À la vue du second, le fameux ensabanado, je me dis que peint en noir ce toro aurait été protesté. Il n’empêche : ce ‘Costurero’ était le mieux sapé du lot avec sa robe blanche et ses bottes noires et pour filer le jeu de mot pédant jusqu’au bout cachait quelques épingles dans la boîte**. Fernando Adrián, décidé à participer sí o sí au défilé, alluma des faroles à genoux d’entrée, attaqua par statuaires, trouva la gauche qu’il exploita justement, puis en fin de faena insista dans les cornes du taureau blanc rendu pour avoir bien donné. Epée douteuse pour clore une prestation assez novilleril mais déterminée. 1 oreille protestée récompensait la disposition.

C’est avec ‘Nubarrón, que je commençai à penser que ce lot n’était peut-être pas si mal… toro court mais haut et très armé, il fit planer un avis de tempête sur le sable (jeu de mot bilingue à nouveau) face auquel Alvaro Lorenzo préféra rester à l’abri. Il y eut des embestidas franches, vibrantes et électriques – accroche-toi camarade – et quelques passes isolées mais il n’y eut guère d’acople et tout cela demeura à l’état d’hypothèse et de regrets. Dépouille applaudie.

La sortie en piste de ‘Sensible’ fut accompagnée de protestations pour un physique terciado, le départ de son cadavre fut ovationné à juste titre : le 4 avait relevé le gant et le niveau au point de décider de faire la faena à lui seul tel un labrador trop longtemps enfermé vous emmène promener. Au bout de la laisse Saldivar parvint à lier quelques séries estimables sans faire illusion sur les mérites respectifs des parties engagées.

‘Contento surgit alors pour ravir l’assistance et mettre tout le monde d’accord : charge franche pleine de transmission avec l’avantage d’offrir plus de temple à la muleta de Fernando Adrián qui n’en demandait pas tant et se jeta sur l’opportunité sans demander son reste : début à genoux, séries de naturelles, doblones insistants pour finir, deux oreilles en vue…Le metisaca dans un soupirail (voire même pire) plongea l’assistance dans la détresse. Promptement remis en suerte, une estocade accrochée lava en partie l’affront. Une oreille et une vuelta au toro. Vicente glissa : « encore une PG avec deux bajonazos ». Certes.

‘Peleador boucla la boucle entamée au premier revenant à des manières plus âpres. À juste titre Rosco demanda à ce qu’on puisse voir au moins un toro au cheval (le 5 avait été assez épargné), le 6 fut affreusement piqué en réponse, pour maintenir le niveau abyssal du premier tiers. Tardo et querencioso, ce 6 fut soigné par Curro Javier à la brega, laissant apercevoir de nettes préférences de terrain. Alvaro Lorenzo brinda et attaqua à gauche au centre, volant à la troisième naturelle. 15 cm dans la cuisse et zéro regard si ce n’est pour chasser les importuns compagnons venus au quite. Comme satisfait de son coup ‘Peleador décida d’abandonner la lutte, régalant une paire de séries avant de rentrer aux planches. Lorenzo l’en sortit d’autorité pour extraire quelques gouttes d’embestidas. Estocade en entrant court et droit. Vuelta plus que légitime.

Le Mayoral salua justement alors que Fernando Adrián sortait par la Grande Porte escorté par le nouveau cortège de police montée piétinant une partie de la foule sur le parvis. La légendaire douceur des forces de l’ordre ibères. Incrédule et ravi, j’entendais pour ma part parler dans les coursives du « lot de la feria ».

 

**Costurero en espagnol signifie à la fois couturier et nécessaire à couture.

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