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Réunion de mécréants

À Orthez on aime s’y rendre quand on aime les toros. Cette arène commence à faire partie du pèlerinage des aficionados au même titre que Céret, Vic, ou désormais San Agustín de Guadalix que tout le monde connaît maintenant. Autrefois, ce nom n’évoquait qu’un panneau de sortie d’autoroute et ne suscitait absolument rien dans la rêverie somnolente de l’aficionado automobiliste que je suis, sur le chemin de Las Ventas après un trajet engourdissant, guibolement parlant mais excitant sur un plan stomacal (vu les nombreux cortados engloutis dans les Repsol) et mental (la vision de las Ventas m’est comparable je pense à la vision de la grotte de Lourdes pour un intégriste catholique). Orthez fait donc désormais partie du pèlerinage pour celui qui s’intéresse au toro et moins à ses oreilles. On y retrouve des « amis », qu’ils soient vrais ou simples connaissances, que l’on croise le plus souvent sur les réseaux sociaux, ou qu’on visite par le biais de leur site, qu’on admire, qu’on jalouse aussi quelque fois pour la chance qu’ils ont de fréquenter des endroits rêvés et de côtoyer nos Dieux du monde du toro, ou simplement par leur talent qu’il soit dans l’écriture et/ou la photographie. On échange beaucoup, on raconte énormément, on se vante parfois et puis surtout, on breugue, on se plaint, on dit que c’était mieux avant (les Santa Coloma) et que l’A.N.D.A. et que les redondos. On énumère les endroits dans lesquels on ne met plus les pieds. Le CV de l’aficionado comporte désormais des places interdites, sous peine d’une syncope émotionnelle pleine de souvenirs de rudes combats, dans des lieux qui nous sont chers (exemples en MP). On parle des disparus, notamment ceux ayant préféré la corrida « toriste » (si tant est que ce terme ait un sens) concurrente montoise.

Voilà, Orthez comme ces arènes de 2ème division c’est tout ça. C’est l’afición qui se retrouve comme une messe ou grosse bouffe de famille, sans chichi. Ici on s’en fout de ta chemise ou de ton polo, on s’en fout de ton foulard bleu blanc vert, ta Marseillaise main sur le cœur pour soit-disant défendre la tauromachie avec un grand T alors que tu sais très bien que le spectacle qui suivra sera un défilé de bovins plus ou moins télécommandés auxquels on servira une cinquantaine de passes à t’en faire dégueuler tellement ça tourne en rond. Ici on a pas de compteur de passes, le cheval n’est pas un tagada mais un bourrin, il te tarde qu’il arrive et qu’il se fasse secouer façon « Vino Griego » au-dessus du frontal d’un cornu modèle séchoir à linge aussi incertain et bagarreur qu’un demi de mêlée à 5h du mat.

Tout ça pour dire que tous les présents sur les tendidos orthéziens, je vous aime (à 2 ou 3 exceptions près…). Je vous cherche et vous me manquez quand je m’égare sur le béton d’autres places plus prestigieuses et dont les prix au bar sont autrement moins intéressants. Aujourd’hui, la corrida n’était pas bonne, je ne me suis pas ennuyé pour autant. Sánchez Vara ne croit plus en lui, dommage… je l’admirais et je garde confiance. Solera ne m’a pas convaincu, mais j’ai tellement d’affection pour les gars qui ferraillent dans ce second groupe que je le reverrai avec enthousiasme ; quant à Montero, dès qu’il sent le public adhérer il est capable de tout, et je retiendrai quelques gestes supérieurs saupoudrés de sa folie habituelle. 

Repas de famille oblige, j’avais amené un de mes fils cet après-midi. Lui regardait le spectacle avec son innocence d’enfant aficionado. Sánchez Vara lui a plu, il a renvoyé sa casquette, Montero un peu moins, le renvoi en revers a fini dans le callejón.

Son moment préféré : l’arrastre ! Allez savoir pourquoi. Par contre nous avons évoqué les piques traseras sur le chemin du retour.

Adishatz Ortès (ça fait vrai et du bien de parler gascon dans ces moments), on se revoit tous bientôt j’espère.

  1. Itsakind Répondre
    Aaaaaah l'ANDA, son palmares et ses billets verts ❤️❤️❤️

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