Madrid 29 mai : Toros de El Torero pour Diego Urdiales, Roca Rey, Rafael Serna
Roca de retour à las Ventas après sa prestation discrète de la semaine passée entouré de deux toreros a priori peu gênants (on connaît – bien – tout de même quelques indécrottables venus voir Urdiales). L’intérêt de la course résidait donc avant tout dans sa confrontation à l’élevage, bien sorti l’an dernier avec un cartel moins relevé et présenté comme « la réserve de caste de la casa Domecq », soit. Posons de suite les lignes d’avertissement et de non-responsabilité : Andrés Roca Rey est indéniablement une figure du toreo et l’a démontré cet après-midi face à deux toros de discrète présentation : une série de la gauche indiscutable au 3 qui eut du mal à la digérer et un authentique miracle au 5 : toro faible qu’il attaqua muleta prudente à mi-hauteur et petit coup de poignet pour finir la passe en haut ; après quelques minutes de ce traitement, le Péruvien administra deux séries mains basses (une de chaque côté) à toro ressuscité (et probablement pourvu d’un peu plus de caste également). Deux épées imparables, la seconde un peu rinconera. Pour le reste, Roca coupe des oreilles surtout en se faisant passer le toro dans le dos, à genoux : il finit la faena du 5 par toute la panoplie de la vulgarité faite toreo, une série de pechos enchainés, un fameux redondo inversé. Je revendique de ne pas aimer tout ça. Le travail porta largement ses fruits : 1 oreille après une pétition majoritaire. Au 3, la pétition (moins large) n’avait pas convaincu le président, pas plus que le temps gagné par le train d’arrastre particulièrement lent et maladroit.
Diego Urdiales fête ses 50 ans le 31 mai. J’avais le souvenir d’un commentaire il y a deux ans du beau-frère de mon voisin de tendido (aka « el cuñado ») : « a Urdiales le vi hasta viejo » et j’eus le triste retour de cette citation durant la faena du 4, seul toro digne de ce nom de l’après-midi qui semblait promettre mais toucha beaucoup la muleta en fin de passe et poussa beaucoup l’artiste d’Arnedo à se replacer constamment. Urdiales est un torero des pieds vissés dans le sable, pas des entrechats entre chaque passe. Toujours efficace à l’épée pour permettre de vite passer à autre chose.
Si j’ai bien compris, le Sévillan Rafa Serna venait confirmer une alternative de plus d’un lustre après une saison 2024 sans s’habiller de lumières et avait décidé de raccrocher en cas d’échec. S’il semble être un torero plutôt raffiné, il mit toute la viande sur le grill, ne put rien faire avec le 1, invalide et s’en fut a porta gaiola attendre le 6, sérieux et dangereux dans sa réserve, qui lui infligea un coup de corne (sans pénétration) au visage au troisième tiers. Ferme, inflexible sur ses positions, il entra sincèrement a matar, laissant une estocade tombée efficace. Oreille d’encouragement et d’entrega.
A voir les deux trophées du jour, l’on comprend mieux la décision du président de ne pas salir la prestation de Morante avec des appendices sanguinolents. Depuis une semaine, il semble que certains toréent et que d’autres coupent des oreilles. Étrange.
