Orthez – Dimanche 27 juillet 2025 – Journée Taurine
Novillada solide, encastée et exigeante de Aguadulce (2 Aguadulce et 2 Aristrain) pour La Calzada et Nino Julian. Très sérieuse novillada.
Corrida de 3 Dolores Aguirre et 3 Veiga Teixeira pour Luis Gerpe, Juan de Castilla et Francisco Montero
Grande course de toros qui restera dans les mémoires grâce à un ensemble encasté, parfois compliqué, plus « civilisés » les Teixeira même si réellement exigeants les 2 et 3, plus rudes les Aguirre, plus avisés, plus forts aussi. ‘Yegüizo’, n° 40 de Dolores Aguirre Ybarra, lidié en sixième position par Francisco Montero a été un immense toro brave.
Très grande Journée Taurine à Orthez !
« Je m’appelle Gabin Rehabi. Je suis piquero. J’ai piqué ‘Cantinillo’ de Dolores Aguirre, à Vic. ». C’était il y a quelques années. Il faisait très chaud ce jour-là en Béarn. La cuadrilla de Francisco Montero se préparait pour la sieste. Pour toute réponse, Gabin Rehabi eut droit à des sourires polis de la part de personnes pour qui les toros était un monde lointain, à peine touché du bout du doigt grâce à la passion dévorante d’un fils. Gabin Rehabi, ils ne savaient pas qui c’était. ‘Cantinillo’ de Dolores Aguirre Ybarra, lidié à Vic en 2014, piqué par lui donc et tué par Alberto Lamelas, encore moins. Après, Gabin Rehabi est allé faire la sieste allongé dans le canapé du salon. À quelques centimètres de sa tête était posé son castoreño. Jamais loin. Gabin Rehabi est picador de toros de combat.
Depuis dimanche 27 juillet 2025, Gabin Rehabi peut désormais se présenter en déclarant avoir piqué ‘Cantinillo’ à Vic mais aussi ‘Yegüizo’, de Dolores Aguirre Ybarra lui aussi, à Orthez. Aussi et surtout car ‘Yegüizo’ fut un très très grand toro de lidia bien meilleur que ne l’avait été ‘Cantinillo’ qui fut un important manso con casta quand ‘Yegüizo’ demeurera un toro de bandera qu’on ne croise que rarement dans un parcours en afición. Et Gabin Rehabi piqua…, non c’est réducteur ! Gabin Rehabi lidia remarquablement bien, en maestro. Quelqu’un a hurlé : » ¡ Viva la suerte de varas ! « . On a applaudi. On a frissonné.
’Yegüizo’. Né en septembre 2020 dans la Sierra au nord de Séville, immatriculé 40, 500 chevaux sous le capot, de 0 à 100 en 2 secondes, même après un tiers de piques dantesque qui méritait un cinquième voire un sixième assaut. ‘Yegüizo’, immatriculé 40 et fort comme un chêne centenaire de Chalosse. Il est allé quatre fois au cheval. De mieux en mieux, la bravoure l’emportant sur le seul poder. Immense poder et superbe bravoure.
Le reste a été écrit partout et sûrement mieux et plus précisément qu’ici. Quand ‘Yegüizo » est mort, lentement, j’ai pensé à mon chat chez qui je loge. C’est un vieux chat aujourd’hui. Il a de l’arthrose. Un jour, il y a plus de dix ans, il était là. Minuscule. Démesurément petit en comparaison de la chaise de jardin qui lui servait de trône. Je me rappelle de ça. Qu’il m’avait paru vraiment tout petit, ce qu’il était alors, à n’en pas douter. Je le revois miauler en continu, mû par une détresse réelle mais également par l’affirmation qu’il était désormais chez lui. Il est resté. Et comme tous les humains on a cru qu’il était à nous. Alors on lui a donné un nom pour ne pas dire « le chat ». J’ai imposé ‘Bombito’ parce qu’il sautait partout. Tout d’un coup, il rebondissait sur les sièges ou se servait du canapé comme d’un propulseur. Alors j’ai dit qu’on le nommerait ‘Bombito’ parce que ça lui allait bien et parce que le toro ‘Bombito’ de Miura, lidié à Pamplona le 11 juillet 1999, était au sommet de mon panthéon des toros. En grandissant, ‘Bombito’, le chat chez qui je loge, est devenu long et haut et fin. Il est devenu un Miura ! Un Miura avec le caractère qui va avec. Quand il passe la porte d’entrée, il souffle, la tête en avant. Faut pas le chercher ‘Bombito’ ! Quand la dépouille de ‘Yegüizo’ a été traînée autour du ruedo, j’ai pensé qu’il pourrait faire trois ou quatre tours de plus, que ça ne m’aurait pas choqué. Et puis j’ai repensé à ‘Bombito’, le chat chez qui je loge. Au fond de moi, je lui ai souhaité une très longue vie encore mais je me suis dit qu’un jour j’aurai à le pleurer. La nature est ainsi faite. Et qu’après ce jour, si la vie me conduit à loger chez un nouveau petit chat perdu, j’appellerai ce petit chat perdu : ‘Yegüizo’. C’est certain.