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Aucun bouquet ne vaut pour moi… (XI)

LL-fpalhavieuxlion« J’aimerais vous montrer quelque chose. Venez, suivez-moi ! »

Un cheval tourne en rond. Il est midi et les premières chaleurs du printemps se font sentir. Le soleil cogne fort. Il ne le touche pas. Il le regarde en disant que c’est lui. Le rosier. Un pied énorme, tordu, comme veiné. Un rosier. Avec des épines qui piquent et des feuilles déjà vertes qui laissent à grand-peine percer le soleil qui cogne fort. Il est attendu. Un baptême dans la famille. Il regarde son rosier. C’est un rosier, et il ne ne le touche pas. Il le regarde et n’ajoute rien. La scène est étrange, mais Fernando Palha a en lui cette propension rare à s’émouvoir devant le spectacle unique d’une fleur dans un pré.

Avant d’allumer le contact, il rajuste son veston parfaitement repassé. Il se signe. Il remet son chapeau. Il démarre.
« C’est une terrible maladie. Terrible ! C’est un venin. On ne s’en défait pas. »

Il parle beaucoup. Il conduit. Il sort le bras gauche pour faire clignotant. Il parle beaucoup. Se souvient. S’émeut. S’arrête. Écoute les toros. Son venin. Sa drogue. Un rail tous les matins. Bientôt quatre-vingts ans. Il est attendu. Un baptême dans la famille. Il s’en moque. Il ne le dit pas ainsi mais c’est tout comme.

Un espagnol lui a proposé de tout lui racheter. Les toros, les vaches, l’herbe, les lézards et le ciel. Il lui a dit qu’il allait mettre des fundas. Que ses toros auraient un grand succès. Il a les boules. Il ne le dit pas ainsi mais c’est tout comme. Des fundas ! Toqué, le mec !

Son venin. Sa drogue.

Le rosier. Son trésor. L’autre venin de sa vie. L’autre drogue. L’autre shoot quotidien. Tordu comme son « lion », le semental berrendo en negro. Le rosier. Accroché à la terre autant que lui, autant que ses années passées ici. Areias. Le rosier…

Il le regarde. Il ne le touche pas. Le rosier de Maria do Carmo Palha ! L’autre venin. Palha. Les toros.

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