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La tauromachie n’est pas un musée

sanmartinpradetPepe Chafik est mort — R.I.P.

L’élevage original et iconoclaste créé par lui, en Espagne, en 1994-1995, n’avait d’autre ambition que de réunir toutes les ramifications de l’encaste Santa Coloma — si tant est que l’on puisse utiliser le terme d’encaste concernant le Santa Coloma. Pour faire court, c’est comme si Chafik et son compère Marcelino Miaja avaient ouvert le livre d’Adolfo Rodríguez Montesinos, El Toro de Santa Coloma *, et décidé tout de go de faire de ce livre une réalité à l’intérieur d’une même finca. Chafik, c’était la cour des miracles du Santa Coloma !

Si l’on en croit les livres d’associations ganaderas, ainsi que tous ceux qui ont écrit sur l’élevage, les deux associés auraient acheté des bêtes chez Paco Camino (Buendía et Felipe Bartolomé), Sánchez-Fabrés (Coquilla), Sánchez-Arjona (Coquilla), Palomo Linares (Graciliano), Ignacio Pérez-Tabernero (Graciliano) et Joaquín Buendía. De cette manière, ils regroupaient les trois lignes principales et « pures » du Santa Coloma. Last but not least, leur entreprise fut étoffée par l’achat de vaches et/ou sementales dans des ganaderías dont l’origine était très proche des Santa Coloma — mais ces nouvelles acquisitions furent menées séparément : c’est ainsi qu’ils acquirent des Moreno Silva et Moreno de la Cova de la branche Saltillo, ainsi que des Vega-Villar (croisement de vaches Veragua avec un semental Santa Coloma) chez Barcial. Ne manquait que la ligne Albaserrada. Selon le ganadero de Moraleja lui-même, Victorino Martín aurait offert des paillettes à Chafik qui « n’auraient pas donné les résultats escomptés »

Belle entreprise donc, mais qui, a posteriori, relevait plus d’une démarche d’aficionado que de celle d’un ganadero. Elle partait du principe que le Santa Coloma était un encaste clairement défini dans l’histoire, ce qui n’est rien moins qu’incertain au regard des origines troubles du Saltillo — et des doutes qui peuvent être émis concernant son appartenance au tronc Vistahermosa. De plus, la « mesclagne » ainsi composée contraignait l’éleveur à vendre des lots extrêmement disparates, tant sur la présentation des bêtes qu’au niveau de leur comportement. Il suffit de se remémorer les courses vicoises qui eurent lieu à la fin des années 1990 pour s’en convaincre. L’aventure de Chafik en Espagne a manqué de clarté dans ses objectifs : en tant que ganadero, il n’est pas insultant de considérer qu’il s’agit d’un échec finalement revendu dans les années 2000 à Ignacio Huelva — depuis, celui-ci a revendu l’élevage aux frères Horno Valiente.

En tant qu’aficionado passionné par le Santa Coloma, personne ne peut contester l’idée que Chafik a eu les moyens de réaliser ce que plus d’un parmi les aficionados auraient rêver de faire. Mais la tauromachie n’est pas un musée…

* Adolfo Rodríguez Montesinos, El Toro de Santa Coloma, Consejo general de colegios de veterinarios de España, Madrid, 1997.

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