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¡Nada en NoDo!

LL-miurafundasÉtrange sensation que cette Séville interlope qui attend chaque soir que le dernier arrastre disparaisse pour savoir si… oreilles ? Triomphe ? ¡Nada en NoDo!

À force, les Sévillans sourient et arrêtent de regarder leur Maestranza dans les yeux. On conjure le sort comme on peut. La féria continue ; les femmes se font voir, montent sur les scooters vêtues à l’andalouse, attendent un bus, savent qu’on les observe. Le cirque se poursuit : les touristes déambulent à Santa Cruz ; les Noirs vendent des mouchoirs en papier au feu rouge et les gueules rayées de rides des taurinos se floutent ; le cours de la gomina s’effondre et Canorea est devenu l’insulte à la mode, le juron tendance dans les bars à la figure triste attenants aux arènes.

Depuis le campo alentour, les vieux mayorales refusent de s’émouvoir de ce que leur Séville sombre comme les toros qu’elle programme. Ils ne sont pas dupes et balayent ça d’un revers de la main : « Tu crois vraiment que l’autre, le Daniel Ruiz, il avait pas un lot mieux que ça à envoyer ici ? Douze corridas il a cette année, et il envoie ça ! Quand ils ont su que les figuras ne viendraient pas, ils ont tous changé les lots ! Sont tous de mèche ! Pfaaa ! »

Les ganaderías sont l’air du temps taurin tout autant que le sont les errements de ce mundillo qui porte de mieux en mieux son nom. Joaquín Buendía cache désormais le fer du conde de Santa coloma au fin fond de la Sierra de Aracena et ne sait pas s’il va « lidier » cette année. Felipe Bartolomé ne conserve que quarante-cinq vaches — quinze toros de saca en 2014. Cette année, il a de la chance, ils ont de la tête, ils iront à Céret ; l’an prochain, non. Les Benítez Cubero n’attendent plus rien — ou presque — du circuit piéton. Les Cuadri restent uniques, et donc seuls. Si seuls ! Lo Álvaro de Juan Pedro Domecq a des allures « fuenteymbresques » depuis la route : barrières tubulaires, fundas et cercados lilliputiens à perte de vue. Il a conservé l’herbe, lui. Chez Miura, elle est déjà sèche, l’herbe. L’été frappe avant l’heure ; on ne frissonne pas aux arènes, on sue ! Dans le cercado d’entrée de la finca, deux semblants de Miura portent fundas, comme chez Victorino Martín maintenant… « Pour ceux qui se grattent », paraît-il… Ce n’est pas exhaustif mais c’est l’air du temps.

Luis de Pauloba a grossi. Son rêve avorté stocke les graisses et les regrets dans la ceinture abdominale, et lisse un peu les cicatrices, terribles, sans les gommer jamais. Demain, Padilla va couper une oreille. Le mayoral de Torrestrella en est sûr, ses toros sont bons, et lui, ce soir, il va se lever la grosse blonde à qui il paye caña sur caña.

Miguel n’est pas là. Il est parti à Madrid assister à la course d’Escolar Gil. Comme lui, d’autres y croient à cette course. De celle de Victorino à Séville, ni una palabra. La corrida commence à Vitoria-Gasteiz, à Donostia ; c’est de la merde confirmée.

Ce soir, Séville éteint ses farollillos, mais la nuit taurine lui est tombée sur le coin d’El Arenal depuis longtemps. Le jour, d’ailleurs, ne s’est pour ainsi dire jamais levé.

Dans la sérénité et le bonheur du retour au foyer, la lecture du dernier Toros vient briser la quiétude du moment. Francis Fabre, le nouveau tenancier de la vénérable institution, y discourt sur l’état inquiétant du campo et conclue sa démonstration par la désormais obligatoire profession de foi de la préférence nationale, aussi absconse et insupportable que la dichotomie torista/torerista. J’ai posé la revue « Taureaux » sur la pile des Be et des Grazia. Chuis allé dormir.

  1. ludo Répondre
    Bel envoi señor Larrieu. Je sens comme une connivence dans nos "utopilancoliques" (le mundillo donne la chiasse).

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