logo

Zorro s’est vautré

L’Association des aficionados cérétans (Adac) communique :
« À la suite de certaines réactions consécutives au choix de la cuadra de Caballos Navarro, l’Adac entend apporter certaines précisions.
Le choix de se séparer de la cuadra Bonjiol provient de divergences de vues pour l’organisation du tercio de piques, et en particulier quant au choix du matériel. Ces divergences existent depuis quelques années et ont conduit aux décisions prises de part et d’autre.
Si l’Adac a gardé le silence sur cette question, c’est par respect pour le travail d’Alain Bonijol et dans un souci d’éviter tout dénigrement.
Affirmer que ce choix a été influencé par un aficionado extérieur est totalement faux. Il est évident qu’après vingt-sept ans d’existence l’Adac a acquis suffisamment de maturité pour ne pas se voir dicter ses choix par quiconque.
Par ailleurs, affirmer qu’une cuadra doit masquer les carences d’un toro est contraire à notre conception du premier tiers. Nous croyons que les chevaux sont plutôt là pour le révéler dans sa bravoure, sa mansedumbre, son poder ou sa faiblesse.
À cet égard, nous considérons que la cuadra de Caballos Navarro a tenu efficacement son rôle.
Pour conclure, l’Adac tient à réaffirmer qu’elle entend être la seule à avoir la maîtrise de l’organisation du premier tiers à Céret. »

Voilà qui peut paraître un peu mystérieux comme communiqué. Quelques explications s’imposent. Ce communiqué est en réalité une réponse à un éditorial d’André Viard. Il y a bien longtemps que Dédé ne s’en était pas pris à l’afición conspicua, comme l’appelait Joaquín Vidal. Il faut dire que lui (à l’afición conspicua) ayant plutôt plus que moins piqué ses idées, il n’y avait plus guère de motifs de s’en prendre à elle.

Voici l’histoire. L’Adac, suite à un différend avec Alain Bonijol, a décidé de ne plus faire appel aux services de sa cuadra de caballos dont personne, évidemment, ne contestera la valeur. L’organisation cérétane voulait bien les chevaux de Bonijol, mais pas sa pique. En sa qualité de cliente, c’était bien son droit. Alain Bonijol, quant à lui, a voulu imposer les deux ; d’où la rupture — pour faire court.

Dédé, qui en plus d’un phare doit aussi se prendre pour Zorro, a cru bon venir à la rescousse de la pique bonijolienne dans un ahurissant exercice de dénigrement d’un aficionado que personne ne veut nommer et que nous ne nommerons donc pas, et surtout dans une non moins ahurissante analyse d’une féria… qu’il n’a pas vue ! Bonjour l’éthique et la déontologie. On ne s’en étonnera pas ici ; ce n’est pas une première.

Je cite Zorro :
« De bêtes dignes de ce nom il n’y a pas eu dans les ruedos de Céret et Pamplona, hier, où l’option torista a trouvé ses limites. Ce n’est pas la première fois qu’une corrida déçoit en terres catalanes, mais il n’y a pas cette année les chevaux de Bonijol pour masquer les carences, et le public en prend de plus en plus conscience…
Le plus ridicule dans l’absence de la cuadra Bonijol est qu’elle est due à une polémique stupide lancée par un imbécile notoire, étranger à Céret, dont la faculté de médisance est inversement proportionnelle à sa capacité de réflexion. À lui seul, pour de fausses raisons, il vient de ramener Céret quinze ans en arrière, et si les amis de l’Adac ne le comprennent pas, c’est l’identité chèrement acquise de leur féria qu’ils mettent en danger, bien plus que les animalistes non grata qui viennent hurler aux portes de leurs arènes. »

Vous comprenez mieux maintenant le communiqué de l’Adac, digne et mesuré. Ce qui l’est moins, digne, c’est évidemment ce jugement porté sur une féria à laquelle il n’a pas assisté. Ce qui l’est encore moins, c’est de désigner comme un imbécile notoire — c’est dangereux de traiter les gens d’imbécile, car, à la fin, on est tous le con d’un autre… — un aficionado dont le seul tort est de ne de pas avaler et recracher les sentences du gourou. D’ailleurs, à ce petit jeu du parallélisme des pensées, on pourrait en conclure que l’Adac en tient aussi une sacrée couche. Faut-il avoir une idée de soi surdimensionnée pour se permettre d’émettre ainsi un avis sur l’intelligence de tel ou tel ? Encore que, à la réflexion, il s’agisse sans doute plutôt d’un manque de cojones. C’était effectivement plus simple  de se livrer à ce dénigrement quasi anonyme que de s’en prendre à l’Adac de front, ou de saisir le toro par les cornes. Fuera de cacho total. Il n’aura d’ailleurs pas l’honnêteté de publier sur son site le communiqué de l’Adac.

Faut-il ensuite s’agacer que Zorro n’ait pas vu de bêtes dignes de ce nom en Catalogne d’où il était absent ? Non, évidemment. On peut même imaginer que les même bêtes piquées par d’autres chevaux… Rions, cela vaut mieux.

N’en déplaise à Zorro, la féria fut loin d’être ennuyeuse. Des toros plus que dignes il y en a eu, chaque jour, en dents de scie on va dire. Et, finalement, la seule note négative, un peu prévisible compte tenu de la prise de risques, est venue de la novillada portugaise de Vale do Sorraia. Quant à la cuadra espagnole, sans atteindre il est vrai l’excellence de celle de Bonijol, elle fut très loin d’être catastrophique. Elle a tenu son rôle, comme le fait justement remarquer l’Adac.

En revanche, lire, et relire même en se pinçant pour y croire, que le rôle d’une cuadra de caballos est de masquer les carences de toros défaillants, il y a de quoi s’en retrouver le cul par terre. C’est un aveu. L’aveu de la recherche et de l’acceptation d’un simulacre, l’aveu de l’acceptation d’une dégénérescence et de son camouflage par une épaisse et vulgaire couche de fond de teint. Un peu comme pour une vieille pute sur le retour dont plus personne ne veut. Cet argument est à ranger au rayon des artifices indignes du « torisme » bling-bling : piques adaptées à la faiblesse et chevaux dressés pour maquiller des défaillances de caste et de faiblesse. C’est nouveau et c’est annoncé. C’est d’un vulgaire !

Ici, nous ne nous lasserons jamais de le répéter : c’est vers l’authenticité du toro, vers sa puissance qu’il faut retourner pour que la Fiesta relève la tête, non vers la recherche de faux-semblants et de pis-aller — une sorte de « torisme » incruente.

Les photographies de la galerie sont de Florent Lucas.

La photographie qui clôt cet article, prise à Céret il y a quelques années déjà, est de José Angulo — comme quoi l’on peut être vulgaire MAIS créatif…

ja_poneys

  1. KLEIN Xavier Répondre
    Le prénom du Vidal cité est-il Pierre?
  2. Miguelito Répondre
    Cosas del mundillo, mais c'est bien d'en être informé.

Laisser un commentaire

*

captcha *