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Tomber dans le panneau

Le panneau qui annonce les toros à Azpeitia est ridicule et en dit long finalement sur la catégorie de la place. Dessus, le nom du toro à venir, le nom de son élevage (incomplet), la devise — ça fait des couleurs — et le poids… dont on se moque bien, sauf le public qui murmure à l’annonce des 590 kg de ‘Tacholero’, de Cuadri. D’aucuns défendraient l’idée que ce simili-panneau tendrait à une simplicité de bon aloi, à l’image de cette petite arène bucolique nichée dans les creux de bombements verdoyants, joliment peinte de blanc et rouge, patinée par une histoire plus que centenaire et dont la réputation est fondée sur son soi-disant goût du toro de lidia. D’aucuns défendraient donc encore ce rêve doux d’une tauromachie de respect en un lieu d’où s’exhaleraient les arômes sincères de l’amour du taureau de combat. D’aucuns auraient tort !

Azpeitia n’est plus qu’un pueblo dénué d’intérêt tauromachique et qui ressemble à cette usine désaffectée qui lui sert de porte d’entrée. Désaffectée, la corrida de toros l’est elle aussi. Quatre toros de Cuadri encastés — c’est certain — n’apporteront aucune réponse à leur ganadero ce matin. Braves ? Personne ne pourra l’affirmer ni l’écrire, ni le défendre, ni l’infirmer. Le monopuyazo assassin et sans fin, érigé en règle d’or lors de cette corrida, a saboté une course correctement mais irrégulièrement présentée dans la gamme classique des acapachados de la maison. Et quand ‘Paulita’ place le vibrant ‘Comino’ (2) pour une deuxième rencontre, c’est le calamiteux président de la corrida qui ordonne le changement de tiers, obéissant aux injonctions d’une foule festive pour qui corrida ne rime qu’avec musique. ‘Paulita’, qui a oublié d’être un âne, comprend la leçon et s’évite la même « erreur » avec ‘Jabalino’ (5) dont l’unique rencontre s’achève par l’écroulement d’un canasson retors après une poussée qui valait bien deux piques. Un petit tour et puis s’en va…

‘Comino’, ‘Jabalino’ et, dans une moindre mesure, ‘Alemán’ (3) et ‘Tacholero’ (4) — qui avait une charge étrange dans les rapports de proximité et souffrait peut-être d’un défaut de vision, car répondant beaucoup mieux aux cites de loin — avaient de la caste et l’envie de combattre, plus ou moins bien, certes, mais on les priva du droit de prouver qu’ils étaient des toros… de lidia ! Et comme le monde ne tourne pas rond, c’est le plus souvent à un toreo périphérique et interminable que les trois diestros nous convièrent. Les matadors sont-ils rémunérés au nombre de passes de muleta effectuées ? C’est à croire tant ils ne surent jamais mesurer la « durée » de chaque toro. Les Cuadri avaient de la noblesse, parfois fade, parfois accrocheuse, plus vive, mais ils ne sont pas toros à encaisser cent derechazos — le cours du derechazo est toujours au plus haut, quatre manoletinas, six redondos et un semblant de naturelle. Nous ne l’écrirons jamais assez, mais la qualité d’une faena ne s’apprécie pas au nombre de muletazos ; et une faena n’est digne de ce nom que quand elle s’achève par un coup d’épée loyal et en règle dans son éxécution. On radote… dans nos croyances « convenues ».

Azpeitia ressemblait hier à son panneau de fête foraine. Les taureaux de combat combattent de moins en moins et la météo est pourrie cet été… Les touristes arrivent.

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