« Parce que j’aime la viande rouge…
— Vous vous foutez de moi, là ? Pourquoi vous faites des photos de toros morts ?
— Parce que j’aime bien ça.
— Vous êtes journaliste ?
— Non.
— Qu’est-ce que vous faites là, alors ?
— Ben je suis accrédité pour faire des photographies.
— Vous êtes journaliste, alors.
— Non, c’est pas mon job. Je fais juste des photographies.
— Vous faites le malin, là ! Vous savez pourquoi je vous demande tout ça, hein ?
— Ah non, aucune idée.
— Quoi ! vous suivez les corridas et vous ne savez pas pourquoi je vous demande ça ?
— Attendez : peut-être avez-vous pensé que j’étais un antitaurin ?
— Ben voilà !
— Mais, si je ne m’abuse, vous êtes chargé de les tenir à distance. Comment donc aurais-je pu passer entre vos mailles si j’étais un “anti” ?
— Allez, c’est bon, bonne journée.
— De même, monsieur. »
Il est devenu suspect de photographier les cadavres de toros que les bouchers évident dans le patio de caballos. Les quelques badauds regardent le spectacle tout autant qu’ils tirent une moue affligée devant le type qui tourne autour de la scène pour en sortir — ou pas — un cliché convenable.
Un mozo de la cuadra de caballos n’a que mépris dans le regard. Un gars du coin, de l’organisation peut-être, a décidé que « maintenant, c’est bon ! Et quand je dis maintenant, c’est maintenant ! » Oui, chef ! Bien, chef ! Vous êtes beau, chef ! Vous êtes grand, chef ! Vous avez du pouvoir, chef !
Mais que c’est con les chefs !