Hier, Dax était mélancolique. De sa féria plus blanc que blanc qui s’achevait par le traditionnel et tristement poignant Agur Jaunak, du jour qui raccourcit, de l’été qui se meurt et de la corrida de la veille, celle des Aldeanueva de Pedraza de Yeltes à propos de laquelle il semblerait que certains toros aient « chargé le cheval le sourire aux lèvres » (sic).
La mélancolie aime le silence. Or, hier, à Dax, les trois diestros ont proposé une tauromachie faite de cris, de piaillements vociférant aussi difficiles à entendre que les « bieeeeeeen » du « péonage » derrière les burladeros. Les toros d’Escolar Gil, joliment présentés, homogènes de tamaño, plutôt dans le Santa Coloma que dans l’Albaserrada, sauf le dernier dont la trougne de rat ne pouvait trahir l’origine, ont respecté la mélancolie ambiante en fermant leur gueule jusqu’à la mort et en combattant avec caste — et pour certains un fonds de bravoure, mais très mal révélé par des tiers de piques malheureusement mal menés, laissés à l’abandon des cariocas et autres monopiques par les maestros et, surtout, par Thomas Dufau —, mais sans pour autant exagérer. Le public préféra le quatrième, le plus bête donc, « noblasse », de charge à mi-hauteur, con à courir après des balles de tennis et à te les ramener dans les pieds.
Fernando Robleño sort en triomphe (une oreille et une oreille) grâce à un estoconazo et à quelques séries plus croisées et plus authentiques en fin de faena du cinquième. Rafaelillo se bat avec le premier, pétri de caste, et veut danser le tango avec le quatrième, le couillon de service qu’il fit tourner sur lui-même jusqu’à la démesure. Dufau a toutes les qualités requises pour devenir un excellent destorero qui n’avance jamais la jambe et bien peu la main.
À Dax, on s’échine encore à couper le bas d’un burladero pour qu’un photographe fier de lui puisse mal copier les œuvres de Lucien Clergue. Même l’art est mélancolique !
