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Aucun bouquet ne vaut pour moi… (XXXII)

trespalaciosC’est justement à ce Jacinto Trespalacios qu’il est indispensable de se référer pour reconstituer la survivance de la famille Vázquez – Veragua, au Portugal, au cours du XXe siècle.

Originaire de Trujillo, en Estrémadure espagnole, Jacinto Trespalacios devient ganadero de lidia, une première fois, en 1870, en achetant des bêtes d’origine Jijón, via le marquis de la Conquista, à Juan Manuel Fernández. Toutefois, d’après une brève parue dans le Boletin de loterias y de toros, le lundi 17 décembre 1877, il semblerait que le « riche propriétaire » (c’est ainsi qu’il y est présenté) Jacinto Trespalacios ait également jeté son dévolu sur la ganadería du vice-comte de Garci-Grande, qui n’avait rien de Jijón si l’on en croit l’ouvrage publié, en 1900, par la revue El ToreoGanaderías bravas de España. Origenes y vicisitudes por que han pasado las que existen en la actualidad : « Garci-Grande (Sr. vizconde de), vecino de Alba de Tormes. Al dividirse entre varios ganaderos la vacada que poseía D. Francisco Taviel de Andrade, con reses de la de Vázquez, una parte pasó a poder del Sr. Montalvo, quien en 1876 la vendió a su actual poseedor, el cual, según nos aseguran, conserva la divisa verdegay que usó el Sr. Montalvo, y marca a sus toros como se indica en el margen. »

Si le fait était avéré — et il n’apparaît dans aucune histoire de la première ganadería de Trespalacios —, cela sous-entendrait que Jacinto Trespalacios aurait tenté un croisement Jijón/Vázquez et, en extrapolant, cela pourrait donner des réponses sur le pourquoi de l’achat par Palha de ces vaches soi-disant d’origine Jijón dans un élevage en construction fondé sur le Vázquez. Néanmoins, avec des « si » Domecq serait encore béarnais !

Il se présente à Madrid, le 29 avril 1883 ; succès à la clé. Sans qu’aucun historien ne puisse avancer une raison valable, il revend son élevage, en 1886 semble-t-il, à Félix Rodríguez, un voisin de Trujillo, ainsi qu’une pointe de vaches à José Pereira Palha Blanco. Aucune source n’est capable de définir précisément l’année de sa rechute, mais rechute il y eut !

Considérons, selon toute vraisemblance, qu’il s’agisse du début des années 1890, même si la revue Toreros, datée du 19 mars 1911 (numéro 3), donne l’année de 1893. Cette fois, c’est le Veragua pur sucre (quoique, nous le verrons) qui l’intéresse et, comme beaucoup d’autres à l’époque, il se tourne vers le duc de Veragua pour lui acheter un lot de vaches qu’il complète par un autre lot vendu par la figura de l’époque : ‘Lagartijo’. L’origine des bêtes de ce dernier était dominée par le sang Vázquez par l’entremise de cent cinquante vaches acquises au Portugal et, avant tout, chez Rafael da Cunha. Le maestro ‘Lagartijo’ fit couvrir ces vaches par des sementales de Miura et Laffitte.

Clairement intéressé par le vazqueño, Trespalacios élut comme reproducteur un certain ‘Roñoso’, acheté chez Barrionuevo et « encasté »… Murube. C’est un choix qui peut surprendre aujourd’hui mais qui, si l’on fait l’effort de se replonger dans le contexte taurin de l’époque (fin des années 1890-début du XXe siècle), requiert une certaine logique pour un ganadero dont l’ambition était de se retrouver au plus haut de l’affiche. En effet, si l’on inscrit l’entreprise de Trespalacios dans le contexte plus large de l’évolution globale du toreo dans cette période charnière de la fin du XIXe siècle, une dizaine d’années avant la révolution de José et Juan 1, il ne fait pas de doute que l’art tauromachique courait déjà après ce que les modernes appelleraient la noblesse — une noblesse bien évidemment de son temps, c’est-à-dire brusque et somme toute courte au regard de la durée dérisoire des faenas de muleta.

La suerte de matar était encore reine, c’est un fait, sans que l’on puisse nier que le toro changeait petit à petit, se dirigeant lentement mais sûrement vers une plus grande urbanité, comme les grandes arènes, d’ailleurs, qui s’installaient à la périphéries des villes. Et cette urbanité encore embryonnaire était portée essentiellement par la rame Vistahermosa, modernisée depuis presque un siècle et dont la famille Murube représentait, à la fin du XIXe siècle, le modèle à suivre. Murube était une réalité que le futur, le XXe siècle, ne ferait que confirmer.

1. José Gómez Ortega ‘Gallito’/‘Joselito’ (1895 – 1920) et Juan Belmonte García (1892 – 1962).

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