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Les habitudes ont la peau dure

Les habitudes ont la peau dure et la novillada concours de Saint-Perdon, donnée dans les arènes du Plumaçon, à Mont-de-Marsan, en fut un exemple.

Il est devenu courant (en particulier en France) d’entendre au micro que le paseíllo sera retardé d’un quart d’heure pour cause d’embouteillage à la taquilla.

Il est une constante de la corrida actuelle de proposer au public des faenas d’une longueur indigeste achevées le plus souvent par des redondos inversés et/ou des manoletinas serrées qui présentent un intérêt bien maigre dans l’ambition de préparer un toro à la mort. ‘Bandolero’, novillo de l’Astarac combattu en sixième position, s’est éteint en fin de faena parce que la faena était bien trop longue. Quatre séries auraient suffi à nous révéler les qualités du Pedrajas, à la condition expresse que le tiers de piques fût mené à son terme… ce qui ne fut pas le cas, car l’astado méritait une quatrième rencontre et un dernier châtiment.

C’est ainsi que l’on conviendra que les dérives actuelles des présidences dans l’octroi de trophées, de vueltas al ruedo, mais également dans le nombre de puyazos à donner à un taureau de combat, furent flagrantes ce dimanche. L’habitude est prise depuis des années en corrida (et novillada) formelle de faire envoyer le toro une fois ou deux au cheval, puis de changer le tiers sur demande du maestro. La tenue sérieuse d’une concours (qui devrait être en réalité la norme en formelle) lors du tiers de piques n’empêche pas les présidences de couper des tiers alors même que le novillo mérite un autre châtiment. ‘Bandolero’, novillo tardo et gratteur, poussa très fort lors des trois chocs avec la monture — chevaux de la cuadra Heyral inaptes à ce genre de corrida, car bien trop hauts et lourds —, mais, au sortir du tiers, il n’était ni réglé ni assez châtié. La présidence obtempéra à la demande d’un novillero mal conseillé et désireux, on l’imagine, de faire une faena de l’air du temps à ce bicho dont les charges très longues laissaient entrevoir le triomphe possible. Les habitudes ont la peau dure.

Il est devenu également tendance de faire tomber le mouchoir blanc du changement de tiers en plein milieu de la dernière pique, comme si l’on voulait en finir au plus vite avec ce « mal nécessaire », ce qui n’émeut personne et encore moins les habituels compteurs du temps de la place, véritables montres suisses au lait écrémé qui sont prêts à risquer une extinction de voix pour faire respecter, à la seconde, le déclenchement des avisos !

Les novilleros toréent comme on leur apprend, et on leur apprend mal ! Louis Husson le comprendra (on le lui souhaite) s’il revoit la vidéo de sa faena au novillo de l’Astarac. Une passe commence devant soi et non pas le bras dans la continuité du corps sur le côté. Un toro « encasté » et joueur s’occupera de remplir l’espace laissé, voire, comme ce fut le cas, de faire voler le bonhomme devant lui.

Mais les habitudes ont la peau dure et les novilleros veulent faire des passes avant de « lidier » et composer la figure avant de se croiser.

Mais ils veulent triompher aussi, et cette envie qui les dévore les pousse à se jouer la vie, à revenir quand ça fait mal, à sourire malgré les côtes fêlées ou la cuisse douloureuse. C’est peut-être ce grain de folie, cette vie étalée sur la table, offerte aux convives dans sa plus simple expression qui continue de nous faire nous asseoir sur des gradins inconfortables. Non pas voir souffrir des gamins, mais les voir devenir des adultes et faire ce que nous, nous sommes incapables d’envisager de faire. À Mont-de-Marsan, les trois novilleros ont mis le couvert et se sont offerts comme plat de résistance au public présent face à des novillos dont nous retiendrons la caste tête haute du Valdellán, la noblesse un rien fadasse du Pedraza de Yeltes et cette bravoure forte du novillo de Jean-Louis Darré.

  1. Anne-Marie Répondre
    Dans une autre mesure, mais idem à Saint-Gilles. Long, long, très long. Convenu. Et Louis Husson devra aussi maîtriser son épée. Le Blohorn méritait mieux. Heureusement, Joaquin Galdos a fait honneur.
  2. vrankovic Répondre
    Les redondos inversés : on devrait les interdire dans les arènes de bon goût tellement cela devient vulgaire, presque aussi vulgaire que des desplantes triomphants devant des toros sans forces. Voir ces faenas stéréotypées est emmerdant à un point! Pfff ! Heureusement qu'il reste le toro, beaucoup plus imprévisible...quoique.

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