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Chavanieu

René Chavanieu est un drôle de type, un drôle d’aficionado. Un type littéralement extraordinaire. C’est-à-dire qu’il n’est pas comme vous et moi, nous qui sommes forcément plus ordinaires. Il ne réagit pas comme vous et moi. Il n’agit pas comme vous et moi. Il ne réfléchit pas comme vous et moi. Il calcule, beaucoup ; mais ses calculs n’ont rien de petits ou de machiavéliques. C’est juste qu’il calcule, compare, mesure, rationalise. Tout et tout le temps.

Ce n’est pas un poète, il ne l’a jamais revendiqué. C’est un scientifique, un technicien plutôt. Il le revendique. Mais, dans le fond, c’est bien plus complexe. C’est autre chose, un monde à lui tout seul. Il y aurait même de la poésie là-dedans. D’aucuns ne l’ont d’ailleurs jamais compris, eux qui l’ont vomi pendant des années, notamment au sein de la défunte commission taurine nîmoise, qui lui fut chère et où il passait pour un emmerdeur.

Chacha a tout mesuré, à commercer par les cornes des toros de Victorino. Il a tout chronométré, à commencer par les encierros de San Fermín, pendant cinq ans, je crois, avant de les courir, pendant quinze ou vingt ans. J’ai oublié.

Moi, il y a vingt-cinq ou trente ans, un matin, j’ai sonné chez lui, et depuis, chaque fois le même rituel : « Tache ! Amène-nous le pastis ! » Ou la manzanilla, ça dépend des jours, et de l’heure.

Comme si le temps n’avait pas passé. Je n’ai pas compté.

Chacha, lui, a tout compté, c’est certain, le nombre de corridas auxquelles il a assisté. Demain, à Nîmes, dimanche 21 septembre 2014, ce sera sa dernière. Rideau. 
Il y a quelque temps déjà, il m’avait soufflé, presque à voix basse, que ces voyages à Bilbao ou à Madrid ce seraient ses derniers.

Chavanieu a dû chronométrer un truc, mesurer quelque chose, quelque chose qui nous échappe à nous, quelque chose qui ne doit pas à voir uniquement avec le temps qui passe et qui lui a commandé d’arrêter.

Chacha tire le rideau, de son vivant. Je ne me souviens pas avoir assisté de la sorte à la despedida d’un aficionado, en conscience. Je vous le dis, il n’est pas comme vous et moi.

Un abrazo muy muy fuerte, Chacha.

fb_chavanieu

  1. geneviève HUESCA Répondre
    Merci monsieur CHAVANIEU, vous êtes un GRAND MONSIEUR.
  2. Marc baldy Répondre
    Salut et amitiés, merci pour votre passion si bien communiquée aux autres. Marc et Véronique Baldy
  3. Grandchamp Bernard Répondre
    François, merci pour cet hommage anniversaire. Juste un souvenir personnel: 1979, corrida de Victorino Martin (le prénom seul n'était alors pas encore de mise) à Barcelone, un aller-retour en bus depuis Nîmes,dans la même journée, organisé par René Chavanieu, première rencontre avec lui... Je lui dois tant en aficion!... Je ne dois pas être le seul... Au fait, on devrait se compter!... Suerte, Maestro Aficionado!

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