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Fashion Day à Mugron

Originale — quoique trop peu médiatisée — initiative de la petite commune landaise de Mugron d’avoir organisé, hier, samedi 27 septembre 2014, un Fashion Day avec pour podium le ruedo ensolleillé et cerné de rouge des arènes du cru. Les créateurs ont pu dévoiler leur génie au grand jour, et, dans cette compétition qui n’en avait pas le nom, reconnaissons que la griffe du brun ténébreux ‘Morincomio’ d’Orthez a réuni la majorité des suffrages de l’assistance. Si l’actualité culturelle est centrée, ces derniers jours, sur la figure d’Yves Saint-Laurent, le créateur orthézien a choisi, lui, la difficulté en ne voulant pas tomber dans un hommage facile et conjoncturel.

Aux antipodes du maître, il a voulu « bousculer les habitudes » en remettant au goût du jour le carreau grand format, « sobre mais efficace », et ce marron dépressif évadé des seventies qui « colle à l’air d’un temps déprimé par la crise », selon l’esthète de la cité de Fébus. Et comme le corps est devenu ces dernières années une obsession sociétale, il a fait le pari d’un costume ajusté au plus près, un rien moulant, un brin feu au plancher, un soupçon érotisé. Il fallait oser, mais la mode n’est qu’audace après tout ! Sans qu’il ne veuille le révéler, modestie des grands oblige, il n’aura pas échappé aux plus fins observateurs qui suivent son travail depuis des lustres, que l’on retrouve dans cette collection automne-hiver 2014-2015 ses influences les plus secrètes, celles qui donnent une âme à l’œuvre, un sens à une vie.

Ici, rien moins qu’un hommage, forcément sublime, aux personnages de bas-fonds de Dickens ainsi qu’un clin d’œil, non dépourvu d’émotion, on s’en doute, à Achille Zavatta, cet immense homme de spectacle. Last but not least, les férus de tauromachie — le lieu se prêtait parfaitement à la chose — auront apprécié l’évidente référence à la devise si puissante du maestro Morante de la Puebla : « El arte no tiene miedo ». Dans les gradins, un critique acerbe et râleur, comme il en existe malheureusement, mauvais coucheur certainement, ne put s’empêcher d’ajouter… del ridículo. Mauvaises gens, va !

¡Enhorabuena señor Morincomio!

Photographies de notre envoyé spécial au Fashion Day de Mugron : Romain Tastet.

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