Le texte qui suit, et qui paraîtra sous forme de feuilleton ici même, est le fruit d’une rencontre entre deux êtres humains qui n’auraient jamais dû se rencontrer dans une vie « normale ». Dans une vie « normale », il est fortement déconseillé de réunir deux drogués sous le même toit de peur qu’ils ne se motivent pour replonger, ensemble, plus loin. C’est pourtant ce que la vie « normale » et mystérieuse que nous vivons tous a commis comme erreur en ce qui me concerne : faire se rencontrer deux junkies de toros, chacun à sa manière, chacun de son côté d’un monde qui fait toujours rêver.
J’ai rencontré Fernando Pereira Palha un matin de mars 2008. Il faisait gris et frais. Passés les premiers instants, j’ai vu en lui, non pas un alter ego — c’eût été fort prétentieux de ma part —, mais un reflet de ma passion dévorante, cette même dépendance à un « venin » — c’est son mot — qu’il peut contempler tous les jours dans ses champs de « Vil Figueiras », et pour lequel je serais prêt à faire des centaines, des milliers de kilomètres et quelques-uns de plus, à la fin.
Le texte qui suit n’a rien d’hagiographique — la « littérature » taurine est déjà trop fournie en la matière. Ma seule volonté a été de raconter par les mots un parcours de vie dans lequel la passion des toros a constitué un chemin à suivre, malgré les doutes, malgré les autres activités, malgré l’histoire familiale, malgré la vie « normale » en somme. En l’occurrence, Fernando Pereira Palha était le sujet idéal… autant que ses étranges et rares toros.
Ainsi, c’est autant son histoire que la leur que ce texte a essayé de mettre en lumière et dans lequel votre serviteur a accompli, peut-être, sa plus belle cure d’intoxication.
Pour paraphraser l’immense Fernando Pessoa, « aucun bouquet ne vaut pour moi, resplendissant sous le soleil, la gerbe de couleurs » des toros de Fernando Palha. — Laurent Larrieu
