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Aucun bouquet ne vaut pour moi… (XXXV)

SONY DSCElles furent baptisées ‘Muleira’ et ‘Saboneta’. Une mère et sa fille dont on se demande aujourd’hui par quelle fortune il leur fut permis de pouvoir brouter les herbages de la finca de l’éleveur José da Silva Lico. C’est en 1954 que ce nom fait son entrée dans les annales ganaderas portugaises. José da Silva Lico est originaire d’Alpiarça — petit village aux abords de Santarém — et achète aux frères Oliveira une trentaine de vaches ainsi qu’un semental. Se fournir chez les Olivieira Irmãos à cette époque est monnaie courante pour nombre de ganaderos lusitaniens, tant la ganadería qui jouxte la herdade « Adema » des Palha a acquis renom et prestige.

En 1954, cela fait dix ans que les frères Oliveira ont créé la société connue sous le nom des « Oliveira Irmãos » après avoir hérité de l’élevage de leur père João Pedro de Oliveira, qui était lui-même l’héritier du cheptel fondé par son père Joaquim de Oliveira Fernandes. En 1954, les frères Oliveira sont lancés dans un processus de régénération de l’élevage dont l’axe central est le Pinto Barreiros, sélectionné ici dans son versant Gamero Cívico beaucoup plus que dans celui du Santa Coloma. L’utilisation de sementales achetés à Juan Belmonte et à António Silva ne fait que confirmer la volonté des frères d’aller vers un toro plus fort que les classiques Pinto Barreiros. Ces derniers lustres, l’élevage est devenu pour le moins confidentiel, car il n’apparaît plus ni en Espagne ni en France. Il semblerait que le voisin João Folque de Mendoça (Palha) soit aujourd’hui propriétaire, ou du moins gestionnaire, du bétail des Oliveira Irmãos.

‘Muleira’ et sa fille n’étaient pas des Oliveira, mais elles étaient pourtant là, jaboneras toutes deux, à attendre on ne sait quel incertain destin dans les pâturages de José Lico. D’où venaient-elles ? À qui avaient-elles été achetées ? Rien ne peut l’expliquer aujourd’hui si ce ne sont de vagues suppositions. D’après Ferreira, Lico adjoignit à ses Oliveira des vaches de José Pedrosa dont la ganadería avait pour origine des… Oliveira Irmãos et des António Silva (pur Parladé donc). Détail plus étrange, quoique, José da Silva Lico aurait également acheté des vaches d’origine Soler au sieur Claudio Moura.

A priori de ciment complexe et dont le fondement était la ganadería de Juan Manuel Fernández (Marqués de la Conquista donc, avec une prédominance Jijón), la ganadería qu’achète la famille d’António Soler à la veuve de Filiberto Mira Pereira, en 1902, se simplifie dans les quarante premières années du XXe siècle par l’introduction répétée de sementales de ligne Eduardo Ibarra et, surtout, Conde de la Corte. Quand il fonde son élevage en 1954, Lico achète des vaches à un Claudio Moura vieillissant qui se défait, deux ans plus tard, de son élevage acheté à la veuve Soler en 1937 au profit de Diego Francisco D’Affonseca Passanha. Les jaboneras de Lico étaient-elles des Soler ? Rien n’est moins sûr, à la vérité. Il est fort probable que José Lico ait détenu un nucléon de vaches d’une origine totalement différente de son élevage officiel. Peut-être a-t-il voulu tenter des croisements qu’il n’osa pas accomplir au final ?

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