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Torero grotesque

« Près de la porte-fenêtre, un spectacle retient l’attention d’un petit groupe : une femme danse toute seule. Elle ôte sa robe, sa combinaison, son soutien-gorge. Nous nous sommes joints au groupe, Yvonne et moi, par désœuvrement. Roland Witt von Nidda, le visage altéré, la dévore des yeux : elle n’a plus que ses bas et son porte-jarretelles et continue de danser. À genoux, il essaie d’arracher les jarretelles de la femme avec ses dents, mais elle se dérobe, chaque fois. Enfin, elle se décide à enlever ces accessoires elle-même et continue de danser complètement nue, tournant autour de Witt von Nidda, le frôlant, et celui-ci se tient immobile, impassible, le menton tendu, le buste cambré, torero grotesque. » — Patrick Modiano, Villa triste, Gallimard, 1975.

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