En matière taurine, il ne faut présager de rien. C’est pour cela que la corrida n’est en rien une représentation théâtrale répétée à satiété pour être parfaite.
Après Vic-Fezensac, c’est donc autour de Céret d’annoncer les ganaderías qui composeront son plateau tauromachique de juillet. Si, de prime abord, l’affiche est réellement attractive — et les quelques photos entrevues font se pourlécher les babines —, avec les lots de Dolores Aguirre, Adolfo Martín et Juan Luis Fraile, il n’en reste pas moins que les déclarations de Juan Carlos Carreño parues sur le site Mundotoro peuvent prêter à sourire.
Déjà, que la communication passe par lui, même sur un site aussi lamentable que l’est Mundotoro, plutôt que par les décideurs de l’Adac ne laisse pas de surprendre et, ne le cachons pas, de décevoir. Mais quand il déclare que « la intención de la Adac es que siempre haya una novillada, así que en 2016 la habrá. Pero en 2015 nos vemos obligados a no darla, porque no he encontrado ninguna novillada con el tipo y las hechuras suficientes como para gustarles », un pas encore plus douloureux est franchi. Céret ne donnera donc pas de novillada en 2015 et c’est là la nouvelle la moins réjouissante de ce début de saison morte. D’une parce que la novillada est la corrida de demain et permet de découvrir et de se faire une idée du futur, et de deux car, à Céret, la novillada est le dernier réservoir de ce qui a fait la grandeur de l’Adac : l’originalité ganadera.
En étant juste, la même remarque pourrait être adressée à Vic-Fezensac, qui a abandonné la novillada lors de sa féria depuis quelques années déjà — la nouvelle équipe en place depuis trois ans organise maintenant une novillada en septembre. La différence essentielle est que lorsque Vic donnait encore des novilladas lors de sa féria l’on restait dans un certain classicisme que l’Adac, elle, n’hésitait pas à bousculer la majorité du temps : Vale do Sorraia, Irmãos Dias, Javier Gallego et d’autres, évidemment. Chaque année, pour l’aficionado a los toros, les annonces de l’Adac suscitaient l’intérêt, l’attente et l’espoir de savoir quelle novillada les Catalans avaient bien pu nous dégoter ; attente et espoir qui se répétaient avec les annonces de Parentis-en-Born et, mais cela semble moins vrai depuis l’an dernier, d’Orthez.
Il est certain que la cabaña brava de 2014-2015 n’est plus celle de 2012 ou 2013. La réduction drastique, ces dernières années, du nombre de vaches, donc de naissances, a contraint certains ganaderos à conserver en cuatreños des bêtes normalement dévolues à la novillada. Il est certain aussi, et tous les organisateurs qui furètent en ce moment au campo en témoignent, que l’homogénéité des camadas s’en ressent, et qu’il va être parfois complexe de constituer des lots pour les arènes de première catégorie en particulier. Enfin, n’oublions pas que tous les élevages espagnols et lusitaniens ne sont pas détenteurs de la carte verte, seul sésame permettant de « lidier » en France.
Tout cela est vrai, mais M. Carreño ne fera croire à personne que le campo de novembre 2014 ne recelait aucune novillada digne de Céret, comme il ne fera pas croire non plus que l’Adac a récupéré l’intégralité du lot de Dolores Aguirre initialement prévu pour Pampelune — malgré ce qui a été habilement communiqué.
Dans cette histoire, a priori passagère, l’Adac perd un peu de sa trempe et de ce qui fait qu’elle est à part sur la planète taurine : l’originalité.