Il n’y aurait donc que les imbéciles qui ne changeraient pas d’avis. Vendredi 9 janvier 2015, M. André Viard, président de l’Observatoire national des cultures taurines (ONCT), publie, sur le compte Twitter de sa revue Tierras taurinas, les mots suivants : « Charlie es el periódico más violento que ha habido en Francia. Para muestra, su obra anti taurina : Anticorrida.com. Yo no soy Charlie. »
Le lendemain, samedi 10 janvier 2015, il envoie, via Facebook, à un internaute indigné par ses propos, la réponse suivante qui ne laisse aucun doute sur la manière dont M. Viard considère les manifestations spontanées et citoyennes tenues dans toute la France pour manifester non seulement l’émotion mais également le dégoût suscités par les actes terroristes survenus entre les 7 et 9 janvier 2015 :
« C’est vous qui ne comprenez rien. Libre à vous de bêler avec le troupeau avec ces “Je suis Charly” ridicules répétés par des gens qui les méprisaient pour leur violence récurrente. Cette violence qui en appelle d’autres mais que l’on voudrait aujourd’hui faire passer pour de la liberté. Or, la liberté est elle aussi de choisir les valeurs auxquelles on adhère : la bêtise méchante revendiquée par ce journal ne fait pas partie des miennes, ni leur islamophobie galopante. Soyez donc indigné, mais pour de bonnes raisons. »
Profondément scandalisée par les opinions affichées par le président de l’ONCT, l’équipe de Campos y Ruedos publie, le samedi 10 janvier 2015, une lettre ouverte à toutes les institutions représentatives de l’Afición française. Dans cette lettre, l’équipe déclare que si la liberté d’expression autorise en effet M. Viard à écrire de telles bêtises, il n’en demeure pas moins que sa manière de justifier son « Yo no soy Charlie » à l’aune seule de l’afición nous semble abjecte.
Les mots de M. le président de l’ONCT sont odieux, car ils laissent sous-entendre que la « violence » qu’il reproche au journal satirique pourrait justifier les actes inhumains du 7 janvier 2015. De plus, analyser la situation actuelle sous le seul angle de l’afición relève d’une insensibilité dénuée d’une quelconque mesure. Et que l’on ne vienne pas nous répondre ici qu’il existe un Viard journaliste d’un côté et un Viard président de l’ONCT de l’autre !
Il ne s’agit pas d’être pour ou contre la ligne éditoriale de Charlie hebdo, mais bien de manifester son dégoût, sa rage, son écœurement face à tous ces morts, qu’ils fussent journalistes, policiers, anonymes ou juifs : citoyens français, avant tout ! Il s’agit aussi d’affirmer haut et fort que la démocratie, même mal en point, même critiquée, même critiquable, a cela de plus que nombre d’autres régimes politiques : il est encore possible d’y exprimer, dans le cadre de la loi, ses réflexions, ses doutes et ses coups de gueule. « Je suis Charlie » ne signifie rien d’autre.
Aujourd’hui, dimanche 11 janvier 2015, M. François Zumbielh, de l’ONCT, envoie un e-mail à l’équipe de Campos y Ruedos contenant en pièce jointe le communiqué de l’ONCT dans lequel, « unanimement » (sic), tous les membres de cette institution se déclarent « Être Charlie ».
En réponse à M. Zumbielh, nous lui demandons si M. Viard fait partie des signataires de ce communiqué ; ce à quoi M. Zumbielh répond par l’affirmative et ajoute que M. Viard « a produit un nouveau tweet totalement différent du premier ». Donc, M. Viard aurait changé le contenu de ses tweets, et tout irait pour le mieux. C’est oublié…
Non, non et non ! Foutaises que tout cela ! Les seuls mots qui viennent à l’esprit sont : malhonnêteté, opportunisme, lâcheté et populisme.
Dans ce nouveau message, le président de l’ONCT explique qu’il n’a pas été bien compris, car il est difficile d’expliquer certaines choses en 140 caractères. Il devient évidemment un « Charlie », lui qui…, lui qui…, lui qui… lui qui commence son texte par ce prétentieux (c’est une habitude) : « La France est en deuil sans avoir pour autant pris toute la mesure du malheur qui la frappe… » A-t-il pris, lui, la mesure de sa petitesse ?
Cette volte-face abjecte et insultante pour celles et ceux qui sont descendus spontanément dans la rue dès jeudi soir ne saurait être acceptée que par les plus crétins des naïfs. Il conviendrait de ne pas oublier ces mots écrits par lui moins de 48 heures avant : « Libre à vous de bêler avec le troupeau avec ces “Je suis Charly” ridicules répétés par des gens qui les méprisaient pour leur violence récurrente. Cette violence qui en appelle d’autres mais que l’on voudrait aujourd’hui faire passer pour de la liberté. Or, la liberté est elle aussi de choisir les valeurs auxquelles on adhère : la bêtise méchante revendiquée par ce journal ne fait pas partie des miennes, ni leur islamophobie galopante. Soyez donc indigné, mais pour de bonnes raisons. »
M. Viard et ceux qui le soutiendront désormais sont malhonnêtes, opportunistes et lâches ! Les mots qu’a écrits le président de l’ONCT sont indéfendables, et il ne mériterait que d’être poussé à la démission. Cela fait des années que le retournement de veste est devenu son sport quotidien pour entretenir sa crinière cendrée. D’aucuns le surnomment depuis des lustres le « courant alternatif », et ils ont raison.
De la même manière que les citoyens français de confession musulmane ne veulent pas, et ce à juste titre, être amalgamés aux actes terroristes du milieu de semaine, il nous serait très désagréable — pour ne pas écrire plus —, à nous, aficionados lambda, d’être associés et amalgamés à la pensée nauséabonde de l’actuel président de l’ONCT.
Mesdames et messieurs Olivier Baratchart, Vincent Bourg, Guillaume François, Michel Lalanne, Roger Merlin, Reynald Ottenhof, Philippe Vigneau, Gérard Bourdeau, Simon Casas, Emmanuel Durand, Hervé Galtier, Jean-Louis Marc, Gilles Raoux, Daniel Valade, Jean-Jacques Dhomps, Bernard Feurer, Marcel Garzelli, Claude Giraud, Joël Pon, Alain Dervieux, Henri Itier, Jean-Paul Maragnon, Pierre-Marie Meynadier, Dominique Perron, Francine Yonnet, Francis Wolff, François Zumbiehl, si vous avez réellement signé ce communiqué et si vous avez réellement accepté que M. Viard fasse partie de la liste des signataires : HONTE À VOUS !
Je suis aficionado mais je ne suis pas ONCT. Not in my name!
À cette heure et à notre connaissance, la seule à être restée digne et droite dans ses bottes est Marie Sara, laquelle a twitté sur son compte : « Viard démission de l’Observatoire ! Contrairement aux taches de sang, les taches de honte sont indélébiles. Je suis Charlie. »
Comme quoi l’on peut être digne et pertinent en seulement 140 caractères. Merci madame.
Dessin — Alain Lagorce ‘Puntilla’/Camposyruedos.com
