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Madrid, Fandiño seul

Mais la Voix me console et dit « Garde tes songes,
Les sages n’en ont pas d’aussi beaux que les fous ! »

Las Ventas ouvre sa temporada demain, dimanche des Rameaux, par une encerrona d’Iván Fandiño face à 6 toros d’élevages réputés difficiles et sérieux (trois Albaserrada : Victorino, Adolfo, Escolar, un Palha, un Partido de Resina et un Cebada Gago).

C’est un geste.

Je ne m’intéresse guère aux affaires du mundillo, mais il me semble qu’en son sein, parmi les élus et les cooptés, le Basque d’Orduña ne jouit pas de la cote qu’il mérite. Fandiño s’est révélé sur le tard, a fait de grands progrès à un âge avancé et s’est décidé à se tailler un chemin jusqu’au sommet par la voie difficile, la « face nord », à coups de corridas difficiles, de rendez-vous réguliers à Madrid et de gestes de toreros là où tant d’autres se payent de mots à grand renfort de communication et de marketing. Fandiño ne boycotte pas Séville pour d’obscures raisons, il y est programmé deux fois et y prendra les Miura ; il ne rechigne pas à passer l’automne madrilène du côté de Las Ventas. Il fait honneur à son statut de torero.

Parfois, il passe à côté, bien entendu, comme à l’automne 2013, bâti autour de lui pour ainsi dire, comme lors de son encerrona bilbaina, en juin 2012, où l’arène et les toros s’accordèrent à sonner creux. Cependant, à l’aube d’une temporada où les contrats ne manqueront pas, il s’offre la folie de lancer encore la pièce au beau milieu du ruedo le plus important du monde où l’attendent six toros, vingt mille aficionados et tout le mundillo guettant le faux-pas de l’inconscient quand les saisons des autoproclamées figuras s’apprêtent à commencer leurs programmes millimétrés.

Il semble que le public répondra présent et que les tendidos venteños seront remplis. C’est une excellente nouvelle pour faire taire les fossoyeurs de la tauromachie s’abritant derrière les prétendus goûts du public, dont ils n’ont que faire, pour édulcorer la Fiesta. Dans Le Monde d’aujourd’hui, Philippe Meyer publie une tribune sur la grève à Radio France, dans laquelle on peut lire : « Radio France ne peut pas se payer de cette fausse monnaie, ni se complaire dans cette autosatisfaction ampoulée, ni se replier dans une crainte frileuse. Son mérite a toujours été de proposer à ses publics — je tiens au pluriel — des émissions dont ils ne savaient pas encore avoir envie. C’est ce qui a toujours donné une saveur particulière à son succès. Nous sommes une radio d’offre, avec les risques que cela comporte, pas une radio de marketing. »

Nul doute que six toros, cela est trop pour l’immense majorité ; c’est aussi probablement peu pour Fandiño en comparaison de la possibilité d’un échec. Nous irons demain aux arènes dans l’espoir de voir un Torero triompher de 6 Toros lors d’un geste empreint de grandeur qu’il offre à l’Afición, avec les risques que cela comporte, loin du marketing.

¡Suerte!

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