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Daniel Ruiz serial killer

sepulveda1Sur la route qui mène à Castraz de Yeltes, nous faisions le compte : Sánchez de Ybargüen, Guadaira et quelques autres croisés au hasard, sans le vouloir.

Le Domecq n’a jamais été notre tasse de thé, ce rapide bilan pointé sous les caquètements de cigognes en transit le confirmait. Les raisons de ce sectarisme assumé n’étaient pas difficiles à lister : le goût de la diversité, la haine des fundas et le bonheur de fouiller, de creuser, de se plonger dans les livres et les rêves pour tomber sur des trésors cachés et qui le resteraient — malheureusement.

Mais l’exercice s’avère de plus en plus complexe tant le campo a changé ces dernières années. Les camadas ont été réduites au minimum vital sous l’effet de la crise économique et sociétale que traverse l’Espagne — même une grande maison comme celle de Valdefresno a divisé son cheptel de moitié —, la pression des autoproclamées figuras sur certains élevages s’est muée en dictature sourde qui ne dit pas son nom mais qui agit à plein régime, et il n’est pas rare de rencontrer des éleveurs nés les pieds dans la bouse ayant succombé aux sirènes de la facilité, du marketing et de l’élevage hors sol : Charro de Llen, El Sierro, Puerto de San Lorenzo pour ne citer que ceux dont le nom raisonnait encore il y a deux ou trois lustres aux oreilles des aficionados.

Le Domecq charro, dont le lit s’élargit chaque année, est charrié par deux rivières principales : le María Fonseca par Aldeanueva/El Pilar d’un côté, moindre mal pourrait-on écrire et qui fait actuellement les grandes heures des Pedraza de Yeltes « fundés » jusqu’aux oreilles, et le Daniel Ruiz d’un autre, mal véritable celui-là, chouchou des maestros qui n’en sont pas et qui présentent leur temporada au public dans des boîtes de nuit madrilènes comme on planifie les objectifs annuels d’une entreprise bancaire. Peu importe les échecs à Madrid, les contrats sont là et les toros sont choisis par les veedores de ces messieurs qui se déplacent dans des bus publicitaires et dont les seuls gestes d’importance sont de prendre correctement la pose devant des photographes de mode.

C’est ce Daniel Ruiz exponentiel qui court dans les cercados de la finca « Sepúlveda » de la ganadería éponyme Sepúlveda de Yeltes. L’endroit est joli, un rien pittoresque, une église coiffée d’un nid de cigogne accueille le chaland, les chevaux sont sellés, ils frappent le sol de leur impatience et le jeune mayoral est d’un abord fort sympathique, très heureux de nous recevoir. Renseignements pris, il ne subsiste que quelques vaches d’origine Atanasio sur lesquelles sévit un Ruiz. Comme chez El Sierro, le voisin, autre ancien oriflamme de l’encaste Atanasio issu des paturâges proches de « Campocerrado ».

La camada de novillos est mignonne ; les plus beaux iront certainement combattre à El Molar. C’était bien la peine d’acheter du Daniel Ruiz. Deux novillos se bastonnent, un troisième mugit à la mort en attendant son tour. Pas de fundas, c’est déjà ça.

Le ciel se découvre. Il moutonne, maintenant. Les premiers rayons de soleil sont agréables. Le mayoral insiste : « Vous êtes les bienvenus quand vous voulez. » C’est gentil de sa part. Vraiment.

Retrouvez, sous la rubrique « Galeries », quelques photographies prises en avril dans la ganadería Sepúlveda de Yeltes.

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