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Roi sans destin

jara16La vie d’un semental n’est en rien une sinécure même si, considérée d’un point de vue strictement humain, qui plus est machiste, le topos du harem ne manque pas de faire fantasmer et ainsi croire que la vie est belle et bienheureuse quand des femelles par dizaines, phéromones au vent, sont là pour satisfaire la moindre de vos envies.

‘Portugués’, s’il pouvait causer, en aurait long à raconter sur le déroulé de ses journées passées au tréfonds de la finca édénique « Zagalvientillo ».

‘Portugués’ est un reproducteur parfaitement impressionnant, tant sur le plan physique que dans le zèle et le professionnalisme qu’il déploie dans l’accomplissement de son labeur. C’est d’ailleurs avec un respect des plus affectueux que le contemple son éleveur, fier de constater avec quelle conscience du travail précis et bien mené ce mâle aux gonades lourdes et riches exerce sa mission dynastique d’hurtebiller sans fin les unes et les autres. N’étant pas papillon capable de sentir à des kilomètres la papillonnette en chaleur, ‘Portugués’ se voit contraint de subodorer par de savants reniflements la lune pâle et rose de donzelles bêcheuses, comme souvent. Le mufle expert, l’odorat acéré, ‘Portugués’ passe de l’une à l’autre, d’une lune l’autre, sans empressement aucun, car il est roi. Roi et donc seul. Roi et donc esclave d’effluves, de ses couilles et de leur lune à elles. Es el toro enamorado de la luna.

Le « trésor de la maison » — ce sont les mots de l’éleveur — est contenu dans les roubignoles souveraines de ‘Portugués’, semental architectural de sang Martínez, ou pas loin. Son compère, autre cathédrale, entrecroisé l’an dernier, est mort, sacrifié car moins doué que son aîné pour les renâclements vulvaires et les bourrades franches. « Il liait mal », conclut le ganadero sans sensiblerie ni regrets pour cet étalon « digne de Bilbao ». ‘Portugués’ sigue siendo el rey même si d’autres berrendos en negro aparejados sont à l’essai pour faire vivre encore des années ce cheptel unique auquel aucune organisation, aucune empresa, aucun taurino n’a daigné venir jeter le moindre coup d’œil.

‘Portugués’ trône, sous un ciel trop bleu de carte postale, sur un avenir assombri. Dans ses couilles féroces, zélées, phares dans la tempête, mijotent les temporadas de demain et l’attente d’un autre destin.

Retrouvez, sous la rubrique « Galeries », quelques photographies prises dans la ganadería Jara del Retamar.

  1. anne marie Répondre
    Mais qui pourrait nous raconter les toros mieux que Laurent ? (Ouais, c'est mon chouchou !)
  2. José Angulo Répondre
    Il va finir rétamé le semental du Retamar...
  3. Cyril Tolosa Répondre
    Respect aux fouilles curieuses de Portugues..
  4. José Angulo Répondre
    Attention tout de même car "figues seques no hi ha més suc"... enfin, c'est ce qu'on dit dans ma cambrousse !

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