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Le plus beau jour de l’année

fbartDimanche 31 mai, jour 1 – le plus beau jour de l’année, sans discussion. C’est un fait. Les toros ont de la caste, du trapio, les toreros du métier et de la générosité, ils passent par Madrid faire tamponner leur carnet de torero, lancer leur carrière, la relancer le cas échéant, le public, un modèle.
Dans l’autolib qui me mène au RER (lui même pour l’Orlyval, Orly Ouest, Terminal 4, Adolfo Suarez 3, le bus jaune, Cibeles, métro Opéra, Casa de Joséphine), j’ai beau tomber sur Gerard Lenormand, il en faudra plus pour gâcher ma journée. Arrivé à bon port à 14h, reste encore le temps d’une sieste. On se passe le ticket 10 viajes pour prendre le métro.
Le miracle des billets imprimés par la machine à Las Ventas est une vision de bonheur sans cesse renouvelée. Michel et David Duran surgissent, on rejoint Ugo et Joséphine pour faire claquer quelques cañas avant la course.
Il faut bien l’avouer, le plus beau jour de l’année, c’est le jour de l’arrivée à Madrid et il en faut beaucoup pour vous contrarier.
Serafin Marin s’y emploie pourtant. La corrida de Iban est disparate de présentation, manque d’un peu de fond, d’un peu de forces, le 3, Provechoso, protesté à son entrée, n’est pas piqué du tout (mais saigne pourtant beaucoup) « Picador antitauriiiiiinooo ! » se hurle-t-il au dessus de nous, Bolivar a 3 séries pour dresser les tendidos, il l’entreprend de loin par une Pedresina au centre, donne 3 séries droitières de loin mais sans susciter plus d’émotion dans l’arène que celle qu’apporte la charge du toro, vibrante. Distance raccourcie et passage à gauche : le toro s’éteint, retour à droite de près, de loin, sans succès, adornos et remates brouillons, 2 pinchazos et entière desprendida. Circulez…
Le 6, sobrero de Torrealta, jabonero sucio, lui saute à la gorge une paire de fois, la foi et l’intérêt ont déserté les tendidos. On ferme.
Robleño avait trouvé la distance au premier après plusieurs séries : à droite, bien se croiser sur la première, pause et embarquer ensuite le toro pour deux ou trois derechazos, deux passages à gauche de face n’auront aucun écho. Épée tombée d’effet rapide pour l’unique salut de l’après midi face au seul toro qui tint la distance. Le 4, nommé Saltillo, très peu mais mal piqué, s’allume par intermittence, s’arrête vite puis beaucoup, le « croisement » n’y fera rien il n’y aura pas de rencontre, entière desprendida et on revient à Serafin…
Le 5, Sartenero, cinqueño (comme toute la seconde partie de la course) mieux présenté et très armé tombe donc sur le Catalan qui lui prodigua le récital de toutes ses carences : accueil par véroniques accrochées, mise en suerte calamiteuse, très châtié au cheval, la faena consista en une trop longue litanie de passes parfaitement parnassiennes dans leur utilité mais sans la moindre once d’art. Au 2, déjà, il fallut de longues minutes pour que le matador se rende à l’évidence que le faible et peu mobile Provechito et lui n’avaient rien à se dire, ce que le public avait vite compris.
Le plus beau jour de l’année passa par une après-midi maussade, où les quelques possibilités offertes par les toros restèrent inédites pour une terna trop limitée. Restait Madrid, les amis, quelques alcools et de l’espérance !

Jour 2, lundi 1er juin. L’espérance en question se réservait pour d’autres tardes de toros, Las Ventas sonnait creux, le public incrédule n’occupait que 2/3 de plaza pour l’un des cartels moins attractifs du cycle. Les aficionados venaient pour la plupart voir « où en était Pablo Romero ». A l’heure qu’il est ils ne sont pas rassurés : desigual de présentation, de très peu de caste, sans méchanceté ni bravoure, plusieurs toros visitèrent les planches plus que de raison. Passons sur Eduardo Gallo qui servit deux faenas superficielles, de muletazos despegados, enganchones sans avoir le bon goût de faire court.
Rafael Cerro confirma la très mauvaise impression de sa prestation gersoise de la semaine passée face aux Escolar, photocopiant inlassablement des muletazos comme autant de pages blanches, il finit par donner des défauts à son premier qui n’avait guère d’idée pourtant de la notion de danger dans la tauromachie. Nul ne se souvient de ce qu’il advint du 6, manso au cheval en 3 refilones et une puya… Il fut long. Nous pensions sortir en moins de deux heures, on les dépassa légèrement. Pénible…
Le colombien Sebastian Ritter, dernier disciple de Corbacho ne promène son patronyme de chocolatier Suisse que dans les arènes de Las Ventas où il semble avoir toréé toutes ses courses européennes depuis son alternative de l’automne 2013. Inédit dans la lidia, il délégua à Rafa Gonzalez celle de son premier toro, calamiteux à l’épée (3 pinchazos, un recibiendo contraire atravesado et un affreux bajonazo à son premier), il éveilla pourtant par intermittences le seul intérêt de la course dans quelques séries isolées où une certaine personnalité transparut dans de longs derechazos templés et toréés. Séries isolées car noyées au milieu d’autres séries où un placement défectueux interdisait toute possibilité de toreo.

Le ciel est bleu et grand l’espoir, nous fuyons à présent vainqueurs vers les Cuadri noirs.

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