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Un fond de couilles

Dimanche 30 août 2015, Saint-Perdon (Landes – novillada donnée aux arènes du Plumaçon de Mont de Marsan) — Novillada concours de ganaderías : Partido de Resina ‘Caobo’, n° 3, janvier 2012 ; Parladé ‘Inductor’, n° 23, décembre 2011 ; Dolores Aguirre Ybarra, ‘Caracorta’, n° 26, janvier 2012 ; El Cubo ‘Farajido’, n° 48, décembre 2011 ; Astarac ‘Quitapienso’, n° 38, février 2012 ; El Añadio ‘Cateto’, n° 6, février 2012 pour Louis Husson, Joaquín Galdos et Juan de Castilla.


Dans un entretien accordé à une revue taurine espagnole de grand tirage, Juan Pedro Domecq Morenés, fils de Juan Pedro Domecq Solís et ganadero de Parladé, confiait son désir de réinjecter plus de caste dans son sang Juan Pedro (par rapport à ce que faisait son défunt père laissait-il sous-entendre). Intéressantes, ces déclarations pouvaient susciter l’intérêt de l’aficionado a los toros qui a conscience que le sang originel du Juan Pedro Domecq (Juan Pedro Domecq y Núñez de Villavicencio puis Juan Pedro Domecq y Díez) est excellent mais qui sait aussi, et Juan Pedro Domecq Solís l’avait prouvé avec son concept de « toro artiste », qu’un élevage est avant tout le fruit du travail et des choix d’un ganadero. Il y a longtemps que l’observance d’un toro de Juan Pedro Domecq ne fait plus partie de mes habitudes — en vérité cela n’a jamais été le cas — et je me dis au sortir de cette novillada que c’est tant mieux ! Si un Parladé ressemble à ça, si c’est cela avoir « plus de caste », à quoi peut donc aujourd’hui ressembler un Juan Pedro Domecq ? Car quelle bouse de novillo ! Laid, terciado, vilainement bizco et astillado, fade, mou, con à bouffer du gravier, cet ‘Inductor’ était un fond de couilles que fournit trop l’actuelle maison Domecq.
Et le reste de la novillada se déroula comme si l’ennui avait été photocopié en six exemplaires. Le Partido de Resina, beau mais faible, l’Aguirre superbe et con trapío, manso con casta mais rapidement éteint, le Cubo qui permit a minima de se poser la question — légitime, évidemment — de savoir comment une ganadería de toros de lidia pouvait s’afficher sur un cartel avec un tel patronyme, l’Astarac, fade et soso, sans transmission et, enfin, l’Añadio de clotûre physiquement très rematé, musculeux mais invalidé dès avant la première pique et que seul un véritable fonds de caste arriva à maintenir debout lors du troisième tiers.
L’aburrimiento fut total malgré la bonne volonté et l’exigeante politique taurine de la Peña la Muleta de Saint-Perdon organisatrice et malgré l’agréable disposition d’un public qui ne boudait pas l’idée d’assister à un concours de ganaderías et de ce fait à des tiers de piques dignes de ce nom. Or il n’en fut rien et les espoirs furent douchés tant les tercios de vara furent réduits à un rien assomant qu’expliquent plusieurs facteurs cocomittents.
. Les novillos n’étaient ni braves, ni forts.
. La présidence ne fit absolument rien pour donner du poids à ce moment de la lidia, obéissante à la volonté des novilleros de changer les tiers et il fallut attendre la quatrième novillo pour assiter, enfin ! à trois mises en suerte.
. Surtout, surtout, la cuadra de caballos (Heyral) sonna le glas de nos ultimes espérances tant les chevaux donnaient le sentiment de constituer une division Panzer en mission face à de faméliques enfants éthiopiens. Des blocs de marbre à t’écoeurer un toro de combat de… combattre. N’étant pas un supporter inconditionnel et aveugle des chevaux de Bonijol auxquels je reproche parfois cette tendance à se coucher sur les toros et à se faire remuer trop facilement, je ne m’en sens que plus à l’aise pour écrire que la cuadra de Philippe Heyral a gâché une partie —fondamentale — de cette novillada dans une complémentarité parfaite avec certains piqueros qui continuent de ne rien connaître à l’anatomie d’un toro de combat (le morrillo est une terre inconnue pour eux) qu’ils prennent pour une boîte à sardine qu’on ouvre avec une puya montée à l’envers.

  1. Beñat Répondre
    Torpeur et moiteur partout et sur tous. Je me serais cru chez Marguerite Duras dans "les petits chevaux de Tarquinia". Il a manqué la main et le souffle de Dieu en ces vêpres saint-perdo-plumaçonniennes. Beñat

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