logo

L’équilibre

Samedi 12 septembre 2015, Dax — 6 toros de Cuadri pour Fernando Robleño, Javier Castaño et Alberto Lamelas.
‘Lesnero‘, n° 22, février 2011 ; ‘Macetero‘, n° 8, mars 2011 ; ‘Pleamar‘, n° 2, mars 2011 ; ‘Gollesco‘, n° 17 , février 2011 ; ‘Sombrillo‘, n° 20 , décembre 2010 ; ‘Diseñador‘, n° 34, février 2011.


Les Cuadri combattus à Dax ce 12 septembre ont déçu. Mis à part le dernier plus fin qui sortait quelque peu du type morphologique de la maison, tous étaient impeccablement présentés, Cuadris de la tête — acapachados maison — aux sabots, blocs noirs rectangulaires non surchargés de kilogrammes puisque le lot oscillait entre 505 et 570 kgs. Ils étaient beaux mais mauvais à l’exception notable cependant de ‘Gollesco’, le plus lourd, le plus Cuadri de tous aussi, qui présenta à Fernando Robleño une très belle charge allongée et profonde et un allant encasté. Les autres affichèrent ce que l’on goûte le moins chez des toros de lidia : manque de bravoure, manque de moteur, comportement tardo, arrêté et lourdaud. Et pour achever cette oeuvre bâclée, il manquait aux Cuadri le poder, la force de tout bousculer, l’envie de détruire, en particulier la cavalerie — Bonijol — qui passa un après-midi détendu, les toros s’arrêtant dans leur poussée, se collant au peto bêtement et en sortant sans souci. Le clan Cuadri assis sur les tendidos prenait des notes et devait se dire que l’équilibre est bien difficile à trouver dans une ganadería de toros de lidia. Javier Castaño lui aussi doit s’avouer depuis quelques années que l’équilibre est une quête ardue. Car si sa cuadrilla continue d’être plus ou moins au niveau — plutôt moins que plus lors de cette course —, lui est clairement loin de ce que peut attendre un public d’un torero qui « tourne ». Toreo décroisé, parallèle, vulgaire… torero fatigué. À la sortie du sixième, mon voisin de tendido qui ne manque jamais une occasion de jouer avec les mots m’annonçait que nous allions voir Lamelas dans la boue au vu de l’orage qui pointait son nez zébré de grands éclairs. La prédiction s’avéra fausse heureusement et Lamelas sortit de cette corrida plombante à son avantage car il se démena comme un bougre affamé pour faire passer le troisième ‘Pleamar’ qui serrait et se retournait très rapidement. Si la faena fut trop longue, il n’en reste pas moins que Lamelas sut avancer la jambe et le bras pour corriger petit à petit la couardise de ce Cuadri mal luné. En comparaison de Castaño, Lamelas le courageux aurait tout à gagner à se trouver une cuadrilla digne de ce nom. Question d’équilibre là aussi.

En guise de conclusion, la question posée par le chroniqueur attitré du journal local : « Cuadri c’est fini ? » — ô le jeu de mots — a-t-elle un sens ? Évidemment non. C’est même le type de question provocatrice — contre qui ? Les Cuadri lisent-ils Zocato ? — qui pourrait être qualifiée de stupide et qui l’est, stupide. Son auteur n’en est pas à son coup d’essai en la matière — relire son texte sur la novillada de los Maños de Parentis en août 2015 — et ne brille plus depuis longtemps par la qualité et la clairvoyance de ses analyses en ce qui concerne les toros de lidia. Clouer au pilori une ganadería sur la seule base d’une course est d’une malhonnêteté intellectuelle affligeante. S’il ne peut être contredit que l’élevage de Fernando Cuadri traverse une période difficile — en témoignent ce lot et celui de Madrid — rien n’interdit d’espérer et de croire que la famille travaille à corriger le tir. Mais cela prend du temps, d’autant plus dans un cheptel fermé sur lui-même — Cuadri est un sang unique. Et le temps, il suffit d’observer les réactions de ce public qui s’agace dès qu’un toro est tardo, est devenu l’ennemi de la corrida. Que durent, que vivent les Cuadri qui sont les derniers à élever les toros comme il se doit.

  1. le hautbois mélancolique Répondre
    Je souscris pleinement ,et surtout aux mots de conclusion. La course des Cuadri d'Azpeitia pouvait déjà donner à penser : deux toros très-trop?-nobles,deux compliqués et deux très "Cuadri"avec de l'émotion en partage (deux toreros à l'hôpital quand même...) Pour ceux de Dax,je me pose aussi la question de l'environnemnt : ils ont eu à souffrir du tumulte de "la nuit du toro" de la veille au soir,des fracas de la musique,des fusées d'artifice...et m'a-t-on dit,d'une nuit disco jusqu'à des 4 plombes du matin. Et donc un stress évident pour les toros qui n'ont pas donné le comportement espéré. Mais gardons tout de même confiance!
  2. Beñat Répondre
    Pendant la feria d'août ils sont bercés par de la musique de chambre?

Laisser un commentaire

*

captcha *