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Fondamental

Cristobal Hara 1987Le 21 octobre 2005, François Bruschet, qui à l’époque signait ‘Solysombra’, créait un blog intitulé Campos y Ruedos, homonyme du site internet qu’il avait fondé quelques mois auparavant. Ce 21 octobre 2005, je recevais de sa part un mail des plus laconiques ; le type même de courriel auquel les années qui suivirent me donnèrent le temps de m’habituer : « J’ai créé un blog. Comme ça on pourra écrire des trucs dessus toi et moi ». En octobre 2005, les blogs balbutiaient, les sites taurins gazouillaient à peine plus et les fundas étaient un avenir inexistant qui prendrait pourtant forme dans les mois qui suivirent, peu ou prou. Depuis dix ans qu’existe le blog de Campos y Ruedos, l’équipe s’est agrandie mais le rythme des publications a baissé. Paradoxe ? May be or not. On se lasse, on l’a déjà écrit. En dix ans, la tronche du monde a encore changé et comme le disait Gainsbourg « la laideur a ceci de supérieur à la beauté c’est qu’elle ne disparaît pas avec le temps ». Le monde taurin n’y échappe pas. Les antis sont ses nouveaux ennemis — en tout cas ils se manifestent plus qu’il y a dix ans —, les figuras figurent mais ne toréent plus, les toros ne tombent plus, ils collaborent et sont nourris à la toréabilité, le sable gris de Bilbao est moins gris et Séville fait sourire. On ne pique toujours pas dans le morrillo, on pense que les hommes préhistoriques étaient les premiers toreros, on annonce sa temporada en boîte de nuit et un photographe taurin pond sur commande une campagne de pub grotesque pour vendre le Pilar de Saragosse. On applaudit. On aime les toros parce que ceci et parce que cela. On justifie. On les cache sous une toile quand ils sont morts. On ne lit plus Toros. On slalome sur Facebook. On twitte la vuelta avant qu’elle ne s’ébranle. On se déteste tous. Larrieu est gros con et les photos sont floues, et noires, et blanches.
En 1987, un certain Cristobal Hara photographiait une petite fille en robe blanche jouant au milieu de têtes de toros au tréfonds de la Mancha. En 1974, Cristina García-Rodero immortalisait une mamie de Fermoselle lavant, sous le regard d’enfants du village, son bout de rue souillé par le sang d’un toro mort.
Et voilà. Nous continuons d’écrire, Bruschet, les autres et moi parce que tout est dans ces photographies : la vie qui patauge dans le sang. Un instant dérisoire. Fondamental. Sinon il n’y a aucun intérêt.

Bon anniversaire les amis.

  1. anne marie Répondre
    Bel hommage. Mais ne pas baisser les bras. Qui va encore sur l'ancien site ? Moi. Qui vient vous voir tous les jours ? Moi. Qui s'est abonnée à Toros ? Moi. Qui ne remerciera jamais assez Laurent Larrieu pour son aide précieuse dans ma quête du Toro ? Moi. Alors .... Bel avenir à CyR. Écrivez encore et encore ....même un peu plus si possible.
  2. Benat Répondre
    Ce LARRIEU a une sacrée plume! Si la vie patauge dans son sang, nous continuons à errer dans des couloirs sombres à faire reculer les diables. Envoie-nous encore ta lumière Monsieur LARRIEU. Benat

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