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Casanueva

Les vaches de Casanueva © Laurent Larrieu / CamposyruedosGuillaume Bats porte bien son nom. Du moins son patronyme incarne-t-il très bien le relief des terres landaises qu’il destine à son troupeau de braves : des petites vallées un rien encaissées, aux pentes franches et rebondies. Car Bats est un nom d’ici, des Landes. Il y a dans les Landes autant de Bats que de Larrieu — qui signifie ruisseau — et presqu’autant de Larrieu que de canards. C’est dire s’il y a un paquet de Bats dans les Landes ! Bref, Bats vient du latin vallis, la vallée donc, là où coulent les ruisseaux si l’on voulait fermer la boucle. Et chez Guillaume Bats, les vaches et les petiots se font les pattes dans de superbes petites vallées cabossées et même si trois pins provoquent l’horizon au fond, ici c’est la Chalosse ou alors le Tursan — pour les ceusses du coin, les deux sont très différents ! —, c’est pas le plat pays, y’a les montagnes au loin. Lui, Guillaume Bats, est un vrai Chalossais de Mugron que ses rêves taurins ont forcé à migrer à Montsoué, à la limite de la Chalosse et du Tursan, donc. Pour avoir été landais un jour, j’ose à peine envisager ce que ce déracinement a dû avoir de traumatisant pour l’éleveur qu’il est. Vingt bornes, ici, c’est l’Afrique dans le viseur, Rimbaud en Abyssinie et des oies qu’on prend pour des lamas !
Depuis dix ans, Guillaume Bats est éleveur de taureaux de combat. Son élevage se nomme ‘Casanueva’ et ses vaches viennent de chez Gallon au début et surtout, depuis quelques années, de chez César Rincón — ganadería El Torreón. L’origine César Rincón, même si Domecq comme celle des Gallon, est plus charpentée et plus solide dans l’arène selon Guillaume Bats. De visu au campo, c’est pas faux pour la charpente. La jeune ganadería landaise ne vend que pour des novilladas sans picadors dans la région. Passionné mais pas fou, Guillaume Bats a conscience des difficultés qu’il aurait à affronter s’il envisageait de passer ne serait-ce qu’en piquée.
Longtemps les novilladas non piquées me sont restées étrangères et lointaines. Encore aujourd’hui, certainement demain. C’est peut-être une erreur mais c’est ainsi, je préfère assister au combat intégral — donc avec des piques — d’une bête adulte voire en passe de l’être. Mais en écoutant Guillaume Bats parler — avec une passion des plus sincère — de son travail, de ses espoirs, de sa sélection de plus en plus poussée et affinée, je n’ai pu que partager sa colère de n’avoir vu personne cet hiver franchir la porte de son élevage pour lui acheter quelques becerros. Il avoue comprendre les choix espagnols en piquées mais se dit écoeurer de découvrir tous les jours des cartels de non piquées avec des élevages de renom ibériques. Ont-ils besoin les Joselito, Baltasar Ibán et autres Victoriano del Río de se tester en non piquées ? N’y-a-t-il pas une petite place dans les arènes du coin pour du bétail élevé ici ? Ce sont toutes ces questions qui taraudent l’éleveur. Le mundillo l’agace, il ne le dit pas à demi-mot. On le comprend. Des noms tombent. On partage l’avis. Ça ne changera rien à l’affaire, la colère et tout ça, mais c’est bon d’en rire et de se foutre de leur gueule.
– « Et César Rincón ?
– Quoi Rincón ?
– Il tiente chez toi ?
– Arrête, il ne veut pas.
– Putain quel dommage !
– M’en parle pas. Même chez lui il ne tiente pas !
– Quoi ???
– Vrai de vrai. Il a arrêté de toréer. Il m’a dit que c’était sa vie d’avant, point. Il ne veut plus toréer.
– Putain, si certains pouvaient suivre son exemple…».

  1. Anne-Marie Répondre
    En passant en train entre Pomerol et Bordeaux, j'ai cru voir, non pas un gros minet, mais des toros. Est ce une vue de mon esprit où il y a-t il un élevage ?

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