logo

Lyon – Varsovie – Madrid – Zahariche

DavilaMiura 2015Mercredi 27 mai :

Où commencer l’histoire ? Au Stade National de Varsovie peut-être. Wo’ ayant trouvé qu’un match de foot une veille de réunion constituait une entrée en matière fructueuse pour un dialogue constructif et la poursuite de rapports commerciaux plein de cordialité, il me fallut me mettre en quête de deux sésames pour la finale de C3. Les Ukrainiens de Dnipopetrovsk (orthographe non garantie) défiaient les Andalous rayés rouge et blanc du FC Séville et ses nombreux anciens joueurs de Ligue 1 française : l’immense stade était plein, les fans de chaque équipe garnissaient de la pelouse au toit chacun des deux virages. Le match tint plus que ses promesses puisque les solides et prudents Ukrainiens ouvrirent le score et égalisèrent à 2-2 en première mi-temps. Mais les Andalous, menés par leur Colombien Bacca, auteur d’un doublé, finirent par emporter leur quatrième coupe d’Europe en 10 ans conformément aux pronostics. Wo’ aime bien le foot, mais bon… Donc, foin de remise de coupe, nous voilà dehors, regagnant le centre-ville à pied par l’immense pont enjambant la Wisla et ses rives. Un petit verre avant de rentrer ? « Ah Frederic, just one, I have to be at the office at 8am tomorrow !

Une heure plus tard, dans le whisky bar préféré de Wo’ nous avons déjà goûté trois whiskies différents, englouti un cocktail chacun et invité deux jeunes filles à nous accompagner pour la deuxième tournée mais Wo’ voit plus loin : vers une autre cible. « Frédéric, this blond lady overthere at the bar, she’s so beautiful, we need to talk to her” (je suis désolé pour vous que vous ne puissiez entendre mon imitation à la fois conforme et truculente de l’accent polonais de mon ami colossal de Varsovie). A la première occasion, Wo’ et moi nous retrouvons dehors à « flumer » avec Monika et sa sœur (la brune et la blonde). Une heure et quelques verres plus tard nous sommes invités à nous retrouver dans une discothèque du centre et embarquons dans deux taxis.

Alors que Wo’ cherche les sœurs bicolores, je fais sagement la queue. Alentours les Andalous pavoisent après leur victoire : le verbe haut et l’âme conquérante, telle une bande de señoritos en goguette dans un établissement clignotant. Poli et toujours heureux de pratiquer la langue de Salvador Cortés, je félicite les Sevillistas derrière moi. La discussion engagée, on s’enquiert de la raison de ma (décente) connaissance de l’espagnol et je pars sur les toros. Armando me jure non seulement que son frère est torero mais que si je suis vraiment aficionado, je le connais. Il faudra qu’il me montre son carné pour que j’admette avoir devant moi un descendant des élevages de Miura et Sancho Davila. La vida… 

Wo’ a perdu les filles mais retrouvé la mémoire et sa montre : il doit vraiment rentrer et me laisse avec les Andalous après un verre. Armando me dit que sa mère a étudié à Lyon dans sa jeunesse. Et moi de me souvenir que mon père m’avait raconté avoir rencontré une fille Miura il y a très longtemps dans une famille d’amis à Lyon, mais quand ? « Lo que é la vi’a hééé ?! ». Je retrouve Monika…

Dimanche 31 mai :

Sitôt le dernier Baltasar Ibán arrastré (et les 3 bières du desolladero avalées), Joséphine m’emmène dans la suite de l’hôtel Wellington où Luis Bolivar dort et reçoit. Mondanités en compagnie d’édiles Colombiens, de banderilleros et d’affairistes taurins. J’informe Armando d’un message que son torero de frère (apoderado du Colombien) est en ligne de mire… J’avise le frangin :

Maestro?

Siiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!! (une fois de plus l’écrit vous prive d’une imitation à la fois précise, fidèle et divertissante de l’accent Sévillan un rien campero assorti d’un ton fraternel, sur(en)joué et complice d’Eduardo Davila Miura)

Je lui parle alors de Varsovie quatre jours auparavant, la rencontre de son frère, cite respectueusement sa mère, évoque la mémoire de mon père la main sur le cœur. « ahhh la viiida !!! », tout cela est bien amusant. Mais quant à savoir quand nos parents ont bien pu se rencontrer, mystère…

« Espérate !! ‘pérate !! »

23 heures passées un dimanche soir et Eduardo appelle sa maman à Séville pour lui demander à quand remonte son passage Lyonnais. Elle est avec Armando et ne se souvient pas du paternel, bien sûr. L’histoire remonte à 1960/62, ce qui résonne de loin dans mon âme attendrie. (la viiiida…)

Soyons fidèles, l’anecdote complète était à peu près :

« J’ai rencontré une fille Miura chez des amis de mes parents à Lyon il y a bien longtemps, elle vivait là pour apprendre le Français. Quand je lui ai demandé si Islero avait bel et bien été afeité, elle m’avait rétorqué, glaciale, qu’aucun Toro de Zahariche n’avait été manipulé dans l’histoire de l’élevage. Cela avait jeté un froid et la conversation en était restée là. »

Les extraños diplomatiques font de drôles de petites histoires.

Laisser un commentaire

*

captcha *