logo

En passant par la Gascogne avec mes sabots

vic la feria 3Le week end de Pentecôte a ceci de commun avec un toro encasté et mobile qu’il est prometteur mais a tendance à vous déborder si jamais vous n’écrivez pas à temps… Evidemment, à l’heure d’aller voir des cornus, l’univers à l’heure de la célébration de la langue de feu de l’Esprit Saint se résume à deux possibilités : Vic et Madrid.
Va pour Vic-Fezensac, le Gers toscan et les amis trop rares (même si certains encore plus rares ne viennent plus). Au programme : des ganaderias intéressantes, le retour de la concours, des débats vieux comme la tauromachie (c’est dire, à l’heure où Dédé nous prouve que le recibir constitue un fondement de l’humanité, peintures rupestres à l’appui), des soirées endiablées et un ciel menaçant.

Le parcours en aficion s’avère tortueux et plein de certitudes qui se brisent, s’ébranlent, se déforment et s’effritent, une parfaite école de l’humilité, en théorie du moins. Le CTV s’emploie à faire les choses bien dans le choix des toros et leurs conditions de transport et d’hébergement jusqu’à leur sortie dans l’arène, j’en suis convaincu, mais cette année sur 18 toros lidiés lors des corridas de l’après-midi et gardés auparavant dans les corrales de Vic (contrairement aux toros de la corrida concours matinale qui étaient à Eauze), 6 ont perdu ou ont été sur le point de perdre un sabot, affectant ainsi gravement leur comportement en piste et foutant en l’air leur lidia. Les tendidos bruissaient de nouveaux corrales très boueux et humides et l’on parlait en fin de feria de l’entreprise d’analyses dont nous attendons les résultats avec impatience. Faisons le compte, avec 6 toros, cela veut dire tout simplement que cette histoire de sabots nous a sucré une corrida sur trois (et une paire de banderilles d’Escribano au 4, lundi, mais là, on n’en veut à personne). Le public vicois, volontiers exigeant et prompt à la protestation bien que trop souvent à côté de la plaque n’a guère manifesté son mécontentement comme il aurait dû le faire, la faute probablement à un bilan décroissant des accidents : 3 lors de la corrida d’Iban , 2 pour celle de Valdellan et 1 pour finir avec Victorino.

Soyons brefs avec ce qui nous resta de feria…

Corrida d’Iban pour commencer : seul le 1er semblait dans le type ancien de Baltasar Iban, les autres plus gros et lourds, plus armés étaient sérieux mais loin de ce type classique. Les deux derniers, colorado, jumeaux de naissance et de patronymes (Lastimoso) semblaient issus en droite ligne du rafraichissement avec les sementales de Pedraza de Yeltes. Selon la ganadera, seul le 5 en était (une école d’humilité vous dis-je). Curro Diaz distilla quelques détails et coupa une oreille, Morenito de Aranda peut-être aussi et en coupa une autre, Juan del Alamo s’en fut les mains vides.

La corrida de Valdellan s’arrêta net aux deuxième et troisième toros qui perdirent leurs sabots. Le deuxième semblait avoir des choses à dire pourtant. Lopez Chaves, plus survolté et attentif qu’une ligne à grande vitesse de cocaïne, coupa une oreille distante au premier et resta tout au long de la course un chef de lidia concerné. Venegas s’améliore depuis la première fois que je le vis toréer face à des Cuadris à Madrid mais reste assez loin du compte. Cesar Valencia se fit prendre méchamment par le compliqué sixième, âpre et brusque, restant de longues secondes à la merci des cornes qui le poussaient vers le patio de cuadrilla alors que les peones accouraient de seulement deux burladeros. La piste de Vic semblait d’un coup immense et comme l’année précédente, le petit Vénézuélien repartit meurtri.

Enfin, la feria s’acheva avec une grosse entrée pour voir la « répétition » d’Ureña et Escribano face aux toros de Victorino Martin, le cartel de Séville qui fit couler des larmes de joie aux présents et des fleuves d’encre a posteriori. Las, Victorino envoya un lot qui n’était pas venu mettre le mufle sur le sable mais plutôt renifler les chevilles après maintes interrogations. Ureña et sa tauromachie engagée y récolta une cornada interne qui luit interdit la lidia de son second exemplaire. Nous eûmes donc droit à du rab’ d’Escribano, ce dont en pareilles conditions, nous nous serions volontiers passés. Les alimañas de Caceres se contentèrent de faire régner le fameux danger sourd tout au long de la course. Le plus clair de l’envoi (de pelage), déborda de son pas avisé, diagonal et intarissable un Perez Mota peu en confiance.

Si la féria vicoise s’était résumée à ses sessions de l’après-midi, nous aurions légitimement de quoi être un peu colère, mais heureusement la loooongue corrida-concours du dimanche matin sauva le bilan. En assemblant les éléments de plusieurs toros de ladite corrida, nous arriverions certainement à approcher le toro parfait tel que l’aficionado Vicois se doit de le concevoir. A un Manuel Quintas, très vite avisé, dangereux et arrêté, succéda un exemplaire de Los Maños qui se plut tant au cheval qu’il resta de longues minutes dans le peto à la première rencontre, baladant Gabin et sa monture dans une grande partie du ruedo puis retourna tâter du matelas et du fer quatre fois supplémentaires, partant de la porte du patio de cuadrilla sur les dernières rencontres. Loin d’être assommé par de pareils efforts, il permit à Javier Cortes de donner dans le derechazo en rond moderne au troisième tiers, ce qui sembla lui plaire beaucoup plus qu’à nous. Une épée dégueulasse eut raison du Santa Coloma (qui avait fini quand même par se dégonfler physiquement sur la fin). Habile, le torero profita de l’enthousiasme pour voler une vuelta avec Gabin alors que le mouchoir bleu était de sortie pour « Salta Cancela ». Rendons à Javier ce qui lui revient : probablement le meilleur toreo à la cape de la feria à ce premier toro et un vrai sérieux dans le premier tiers. Suivit un Hoyo de la Gitana musculeux à l’impressionnant morillo qui s’en fut se coller aux planches dès sa sortie et tarda ensuite beaucoup à s’arracher de sa station immobile. Toutefois, au cheval, il eut un impact sourd, puissant et violent qui avait fait un peu défaut à son prédécesseur. Rien pour mettre en confiance un Thomas Dufau qui s’en tira pourtant très honorablement. Quitte à choisir un toro pour le troisième tiers dans l’élaboration du toro parfait avec les pièces détachées de la corrida du jour, celui de Martinez Pedres aurait certainement été le plus digne, je dois avouer qu’en revanche, le revenant Encabo n’y est plus trop quand il s’agit de construire une faena. Passons sur le Flor de Jara, qui n’offrit pas grand chose. Ferma le ban, un chatain de Pedraza de Yeltes qui poussa avec style au premier tiers, la tête basse. Probablement le toro de premier tiers le plus canonique de l’envoi. Course vraiment intéressante.

Il était temps de quitter le Gers pour filer en grand cortège à travers les Pyrénées et les terres des Maños à Madrid.

  1. Barbet Répondre
    Le club taurin vicois est vraiment catastrophique

Laisser un commentaire

*

captcha *