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¡ De pesadilla te digo !

IMG_0509Mercredi 25 Mai
Dire que le renvoi du lot de Jandilla plongea l’assistance dans les sables mouvants de la détresse, un océan de chagrin et un abîme de déception serait probablement exagéré. Dire que l’annonce d’un lot de Vellosino en remplacement nous donnait du baume au cœur tout autant… Les figures revenaient et une partie du public les accusait de malversations : au paséo, palmas de protestations, sifflets et lazzis. Une banderole au 7 résumait l’humeur : « Hartos de tanta manipulación, transparencia en los corrales ».
De fait, la course fut conforme à ce que nous craignions : présentation inégale en dépit de poids importants, soseria généralisée, faiblesse et absence de caste. Pas un quite, pas une passe ni même le salut d’un péon aux banderilles pour alimenter une conversation à la sortie des arènes. Cela permit au moins de réviser ses connaissance du paysage politique de Las Ventas, moins compliqué tout de même que celui de la vie publique espagnole qui repassera par les urnes en juin. Grand classique : le 7 se coltina trop avec le Juli au goût du reste des arènes qui prit partie pour ce dernier au quatrième toro, mais même pour faire rager les mauvais coucheurs bruyants rien ne semblait en mesure de faire décoller la course, qui suivit péniblement son chemin serpentant entre exaspération et ennui. Salut rageur et regard noir du Juli au 4. Perera ne trouve guère plus grâce aux yeux du public et déplia (plutôt que déroula) un toreo mécanique sous les lazzis (« pa fuera… Sigue pa fuera… Qué emoción… Antitaurino ! » Etc…)
Lopez Simon s’en fut comme il était venu : à pied et sans passer par les vapeurs éthérées de l’infirmerie, récurrent marchepied de Puerta Grande pour lui l’an dernier. Dans le contexte délétère, il put compter sur l’indifférence de la plaza à laquelle il épargna le pire de son toreo au 3. Le 6, mule croisée clébard enrobée dans une enveloppe porcine, se fit dispenser d’EPS d’un coup de mouchoir vert en prétextant faiblesse et invalidité et après s’être plaint dès sa sortie de l’absence d’herbage sur la piste. Bref, Vinagrito tourna vinaigre, et sortit Matamoscas (tue-mouches), sobrero de Domingo Hernandez qui fit semblant de s’allumer en début de faena sur une série et demie mais se lassa bien vite. Pas Lopez Simon, qui sur sa lancée ne se lassa pas de lasser en péguant des dizaines de passes à toute berzingue. Pour l’anecdote, le roi émérite Juan Carlos confirmait son regain d’aficion (Ahhh la retraite !) en barrera aux côtés d’Enrique Ponce, impeccable en costume sombre et implants corbeau. Le monarque retiré reçut le brindis de la mort des trois premiers toros.

Jeudi 26 Mai
Venus voir les « jeunes », tapis sur Garrido avant la corrida et au moment de s’installer en tendidos, l’on se rassure en se disant que Parladé sort bien à Madrid depuis quelques années, que les figures ne sont pas au cartel et que par conséquent Juan Pedro a peut être envoyé la partie la plus encastée du troupeau. Le billet de corrida autorise à toutes les rêveries, comme celui de loterie. Il est d’ailleurs recommandé d’en faire l’acquisition le plus tôt possible pour profiter plus longtemps de l’espoir. Puis la course commence et en fait de caste, JP nous a plutôt gratifié de la partie la plus costaud du cheptel : plus de 600 kilos de moyenne et une pointe à 650. Pas beaucoup de trapio pour autant, une caste discrète et l’endurance d’un animal en surpoids.
Padilla au cartel, ses suiveurs en tribunes, porta gaiola pour ouvrir le bal avec Facundo (Colorado de 641 kilos et 4 ans), jolies véroniques puis énorme tampon sur le frontal à la première paire de banderilles – heureusement pour une fois le Ciclon clouait bien dans le berceau – dont le torero sortit le visage en sang et commotionné. Une demie bouteille d’eau sur la tête plus tard aux planches et le quarantenaire s’en fut planter les deux autres paires. Toro tardo à la charge courte, nécessitant que l’on lui baisse la main. Rien de rare, estocade habile caida en tendant le bras. Avec Fanfarrio au 4, arrivaient les 3 cinqueños du lot et un peu plus d’intérêt en piste. Revenu de l’infirmerie, Padilla commença à genoux puis enchaîna passes sur passes à mi-hauteur. Estocade entière et (surprenante) pétition d’oreille heureusement minoritaire – salut.

L’intérêt de voir Fandiño résidait dans la possibilité de faire le point sur l’état de forme du torero basque, presque porté disparu depuis sa terrible campagne 2015. Débordé des deux côtés par Jerezano (un quatreño basto de 574 kg) au 2, il parut sans aucun sitio, laborieux à l’épée, calamiteux au descabello. La thèse du bache se confirmait. Fandiño nous rassura malgré tout un peu par gaoneras serrées au 4 puis muleta en main face au 5, l’énorme Jarrito (649 kg développés depuis décembre 2010) à qui fut donnée la distance en ouverture de faena. Les kilogrammes l’emportèrent assez vite sur les quelques atomes de caste et il fallut en finir avec une estocade en entrant droit mais tombée.

Pas d’option pour Garrido lors de sa confirmation la semaine dernière, il fallait montrer quelque chose ce jour. Liriquillo n’avait qu’une faiblesse insigne à offrir à son matador qui pourtant lui fit administrer un châtiment minimal et s’employa à démontrer sa bonne volonté tout au long d’une faena qui dura beaucoup trop. L’espoir revint au 6 (vous l’aviez compris, l’ennui était de mise depuis deux heures), Inspector (606 kg décembre 2010) qui fit illusion au cheval en partant de loin d’un galop allègre et prenant deux piques de bonne manière. Une pièce qu’on allait enfin voir quelque chose au moment où Garrido prit la muleta ! Patatras ! Débordé à droite sur deux séries données à mi-distance, le torero ne sut baisser la main, dominer ni conduire son toro qui avait 20 passes à donner avec transmission. Au lieu de ça, nous eûmes droit à quelques dizaines de plus dans ce concept moderne entêté et pénible, aux bernardinas syndicales et déplacées et à un échec à l’épée. Petit désastre pour le garçon.

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