Maintenant que les commentaires sur le esmoking de la diva Ponce s’atténuent un peu sur cette toile charognarde et que 5 des Domééé d’Istres sont bien morts, il est à nouveau possible d’écrire sur les toros et sur la corrida d’Aire-sur-l’Adour de ce dimanche 19 juin 2016.
Merci à l’organisation aturine d’être têtue et de poursuivre sur le chemin difficile engagé depuis quelques années. La corrida n’étant pas en ces lieux sponsorisée par une marque d’alcool anisé ou des fonds départementaux et/ou régionaux, il y est difficile de monter des affiches esmoking, flanelles et falbalas et, de toute façon, ce n’est pas l’envie des gars du coin qui veulent du TORO ! Les histrions des bords d’Adour se battent pour que subsistent dans la corrida ces essences essentielles que sont le combat, la peur, la force, la bravoure vraie, le toro au centre ! Pour le reste, je prône l’intolérance ! La corrida est un bloc comme disait Clemenceau à propos de la Révolution française, un bloc agrégé autour du toro. Sans toro, pas de corrida. Pour faire poète et balancer dans la métaphore de haut vol — ça y est on a perdu des lecteurs…— , c’est exactement comme si on floutait un porno. Bloc de sexe, avec de la bave, des sécrétions, des cris, des bites de chevaux préhistoriques,le porno montre le sexe en gros plan — il n’est pas question ici de disserter sur le bien-fondé du porno, sur l’image dégueulasse qu’il renvoie des femmes, sur la qualité littéraire des dialogues qui le sous-tendent ou même sur l’incapacité de certains amateurs ridicules de bander au moment voulu devant la caméra — et sans cela, point de porno. Sans toro, pas de corrida.
À Aire, il y avait des toros… de Palha surtout (le 3 bis ligne Oliveira Irmaõs et les 4 et 6 ligne Ibán) car les Fraile, très avacados de corps, étaient malades ou faibles ou mal inspirés… mauvais quoi. Ça arrive. Tant mieux ! Les toros ne sont pas des machines, des fois, comme dans un porno amateur, ils ne bandent pas ! Les Palha (4 et 6) ont laissé sur le sable aturin la marque de la fierté d’être toro de lidia. Le 4, estampe, n’en pouvait plus de lever la tête, de toiser, de vouloir mettre des beignes. Face à eux, au 4 et au 6, Encabo resta courtois avec sa coiffure grisonnante et toréa d’assez loin mais reconnaissons-lui d’y avoir été et d’avoir encaissé les hachazos de fin de passe du toro d’Adema qui avait montré du power (mais peu de bravoure) en trois rencontres où il fut charcuté par un piquer susceptible (il voulut en découdre séance tenante avec un spectateur qui usa et abusa à son endroit de superlatifs empruntés au domaine de la boucherie). Lamelas, très apprécié dans le Sud-ouest, a détoréé face au sixième : jamais croisé, toujours en mouvement, il a appris au toro ce qu’il ne fallait pas et le toro le lui a bien rendu en lui compliquant sérieusement la tâche (2 avis). À son premier (le 3 bis qui remplaçait un Fraile épuisé d’être là), il tira quelques séries correctes qu’il ne sut pas arrêter : ses faenas durent beaucoup trop et du coup perdent toute intensité.
Il y avait aussi António Ferreira au cartel et pauvre bougre, il fit la route depuis son Portugal natal pour affronter le moins bon Palha et un autre mauvais Fraile. À son compte pourtant, les seules vraies et belles naturelles de l’après-midi…
Aturins, poursuivez, continuez, faites-nous bander!
