Roquefort (40) – 14 août 2016 – Novillada de Saltillo pour Javier Marín, Manolo Vanegas et Guillermo Valencia.
Au coeur de la morosité généralisée qu’offrent les ferias revendiquées « toristas », une semaine après la très moyenne feria de Parentis, la plaza de Roquefort a mis du bleu dans les coeurs de l’afición a los toros sans vouloir filer la métaphore facile d’un fromage produit à des centaines de kilomètres de là. À bien y réfléchir et n’étant pas un amateur de ce genre de met, je me demande si les moisissures dans le Roquefort sont vertes ou bleues, ce qui ne change rien au fait que Moreno de Silva avait envoyé un lot de novillos magnifique et parfaitement prêt au combat. On pourra regretter l’état de certaines cornes escobillées ou astillées (le 3 en particulier) mais ces utreros entraient dans le ruedo assommé de chaleur comme on aurait écrit la définition presque idéale du mot trapío que certains ont oubliée un peu plus au nord du département en le confondant avec les kilogrammes.
De Saltillo, c’est le très bon troisième qui s’approchait le plus du type de l’encaste: ligne du dos parfaitement rectiligne et hocico de rata d’école. Les autres offraient à réfléchir sur les apports Santa Coloma quand la présence du dernier n’aurait pas choqué dans un lot d’Albaserrada…une estampe.
Si les deux premiers montrèrent quelques signes de faiblesse lors des premiers tercios, ils ne furent que souvenirs lors des faenas où la caste leur rendit le moteur attendu et espéré. À divers degrés, le lot fut noble et exigeait une tauromachie de précision et de croisement ce que les novilleros ont parfois du mal à réaliser, en particulier Javier Marín. La novillada prit une autre dimension avec le combat du troisième, le plus asaltillado donc, qui encaissa trois piques dont une première très poussée conclue d’un batacazo. Le novillo, s’il se montra un peu tardo, galopa superbement vers la garde montée depuis le centre. Noble sur les deux cornes et solide comme un roc, il donna du grain à moudre à un Guillermo Valencia un peu brouillon.
Le très charpenté cárdeno oscuro lidié en quatrième balança lui aussi le groupe équestre au sol avant de reprendre deux fois du rab et de s’aviser en troisième en tiers à l’image du novillero qui devait l’affronter.
On acheva sur le très beau dernier qui fut le plus brave au cheval en poussant droit sur les deux cornes et la tête fixée en bas du peto. À l’unisson de ses confrères, le piquero fit étalage de ses talents de charcutier. Valencia entama la faena de manière très virile et très par le bas ce qui causa la chute du novillo mal remis du tiers de piques. Il fallut un pecho qui fit monter haut le Saltillo pour le voir se relancer dans les séries qui suivirent avec une charge lourde à contenir.
Très, très, sérieuse novillada de Saltillo à l’image de cette arène malheureusement trop confidentielle dans l’univers de l’afición a los toros.