« Tout ce qui ne ment pas est honni, traqué, chassé, vomi de haut, haï à mort. C’est le grand secret que l’on cache comment l’on pourrit jour par jour, de plus en plus ingénieusement ».
Louis-Ferdinand Céline.
Ça aurait pu s’appeler Guignol’s band aussi…
Le voilà dans de beaux draps notre Bartholin. C’est que sa tête serait mise à prix, les menaces à peine voilées après son article peu enthousiaste sur la féria de Parentis 2016.
Enduit de goudron et de plumes l’animal. Et tout ça pour des mots. Avec les mots on ne se méfie jamais suffisamment .
Les signataires de ce texte n’ayant pas assisté à la féria de Parentis, ils ne se prononceront évidemment pas sur le fond. C’est plutôt la forme, la teneur et le ton des réactions à l’article incriminé qui nous interpellent et posent question. Enfin, c’est surtout avec le commentaire de monsieur Villetorte (Président de l’ADA Parentis) (de loin le plus argumenté dans le flot d’imbécilités agressives reçu et dont certaines pourraient relever de menaces physiques absolument pitoyables et dignes d’une cour d’école élémentaire) que nous allons tenter de débattre.
Parmi les différents griefs reprochés au texte de Frédéric Bartholin, on accroche d’abord sur celui d’un manque de sérieux de l’analyse (sic) pour juger de la présence d’un toro en piste.
Le président de l’ADA nous explique que l’appréciation de la présence d’un animal, c’est-à-dire son trapío, peut être élaborée selon un argumentaire scientifique : les kilos. Mon bon Monsieur, mes toros, entre 420 et 500 kilos qu’ils oscillaient, alors vos arguments subjectifs, monsieur Bartholin… bla bla bla…
Nous n’irons pas jusqu’à faire les impertinents et demander s’il s’agit du poids en vif ou en canal…
Le trapío donc, qui relèverait d’une analyse scientifique objective, sérieuse, en somme incontestable. Ah bon et depuis quand ?
Il faut donc se répéter, encore et toujours, et renvoyer encore à une relecture que l’on aimerait attentive de Joaquín Vidal ou Alfonso Navalón sur le sujet pour enfin comprendre cette notion de trapío.
En gros et pour faire simple, un Victorino de 480 kgs comme nous en avons tous vu aura toujours plus de présence et donc de trapío qu’un charolais d’une tonne du salon de l’agriculture. L’argument des kilos, en vif ou en canal, n’est donc pas recevable. Un toro, quel que soit le poids affiché, a du trapío ou pas. Point. Pour convoquer des souvenirs pas si lointains, certains novillos de Castillejo de Huebra lidiés à Parentis en 2015, costauds et assez impressionnants au campo, certainement assez lourds sur la balance, n’exprimèrent aucun trapío une fois foulé le sable de la haute Landes.
Dans un ordre d’idée voisin, un autre argument non recevable est de prétendre démontrer un argumentaire à l’aide de photographies. Nous le savons tous ici pour avoir nous aussi traîné souvent nos vieilles pompes au campo, une photographie est un mensonge ! Elle ne démontre rien, surtout lorsqu’il est question de proportion, de volume, de centimètres.
Là encore, pour faire simple, vous avez tous vu ces photographies de touristes en train de « supporter » la tour de Pise. Il en existe des milliers et sans doute même des millions sur lesquelles des touristes ignares, peut-être même des « ploucs avinés », font mine de maintenir la fameuse tour. Et pourtant, dans la vraie vie… rien de tout ça. Une photographie bien souvent est un mensonge et en tauromachie, la photographie peut raconter tout et son contraire. Rien de scientifique ni de sérieux à exhiber une photographie.
Ce qui ressort de cette vague d’indignation c’est, grosso modo : mais qui êtes-vous donc, monsieur Bartholin, «fils à papa », pour oser ainsi l’ouvrir ?
Qui êtes-vous donc pour oser ainsi remettre en cause les pauvres, gentils, fatigués, et insatiables bénévoles qui chaque année vous organisent une féria de novilladas construite autour du sérieux de la lidia et des toros ?
À ce questionnement un rien agressif et ô combien stupide, nous répondrons, à l’image d’un ancien président de la république à talonnettes, par une autre question : qui faut-il être de particulier pour pouvoir l’ouvrir ? Que faut-il avoir accompli de spécial dans sa putain de vie pour avoir le droit de l’ouvrir ? Faut-il être détenteur de la carte du parti ? Faut-il être adhérent du cercle des nageurs en eaux trouble de la baie des singes ? Faut-il se gominer abondamment les cheveux et même les poils des couilles et s’asperger d’eau de Cologne à la lavande et porter une chemise mexicaine, ou pire, à fleurs ? En l’état de la question, nous souhaiterions qu’on nous apporte des réponses et qu’on nous donne les critères qui font qu’on aurait le droit de l’ouvrir, ou pas.
Quoi qu’il en soit, la notion de bénévolat est totalement discutable dans cette affaire et ne doit pas ou ne devrait pas minimiser ou interdire la critique. Les bénévoles, c’est leur passion, et personne ne les a forcés à être là et à faire ce qu’ils font. La notion de bénévolat et donc d’amateurisme (le mot n’est pas écrit ici dans une acception péjorative) ne devrait pas avoir à être prise en considération par ceux qui ont fait des centaines voire des milliers de kilomètres pour assister à un spectacle pour lequel ils ont payé le même prix voire plus cher que dans une arène dirigée par des professionnels. Et puis les passions
n’appartiennent à personne.
Dans la même optique, les organisations bénévoles n’ont pas, selon nous, à expliquer tous les atermoiements et toutes les difficultés rencontrés pour monter une féria. Cette problématique les regarde et ne concerne pas ceux qui viennent assister à la féria.
L’aficionado — ou le touriste — paye pour que les novillos soient limpios, correctement présentées et que la course commence à l’heure. Les dix mois qui précèdent, les novilleros qui refusent de venir, les toros tués au campo, les assurances qui augmentent, le burladero qu’il faut retaper… il s’en moque — en vérité, ça l’intéresse mais dans l’absolu, ça ne devrait pas être porté à sa connaissance. Bénévoles ou pas, vous vendez un billet avec un prix
dessus, vous vous exposez donc à la critique (elle a été parfois très positive, ici en particulier) et, entre nous, c’est bien plus sain que les tapes dans le dos des hypocrites et gominés qui peuplent vos contrepistes.
Pour en finir sur le thème du prix des billets, la polémique a enflé concernant la pratique de la taquilla de vendre des billets plus chers alors même qu’il restait encore des entrées moins onéreuses. Frédéric Bartholin a pu constater ce fait trois fois durant cette féria. Connaissant un peu le bonhomme tout de même, nous ne voyons pas l’intérêt qu’il aurait à inventer ces faits et si l’ADA et les guichetiers se permettent de mettre en avant leur honnêteté, permettez-nous, nous aussi, de le faire et de considérer que Frédéric Bartholin a écrit cela sans mentir aucunement.
De plus, et malgré les dénégations agressives d’un membre de l’organisation sur notre blog, cette pratique a été constatée par d’autres aficionados… pour les trois novilladas. Loin de nous l’idée de penser que l’ADA Parentis veuille enfler le spectateur mais il nous paraîtrait plus serein, avant de hurler comme une vierge effarouchée à la diffamation, de de régler ce (petit) accroc pour 2017.
Achevons.
Là où notre Frédéric Bartholin, à notre sens, s’est quand même égaré c’est sur l’expression maladroite et malvenue de « féria au rabais ». Quant au novillo combattu après le spectacle, effectivement, vous avez raison, personne n’était obligé d’y assister.
François Bruschet et Laurent Larrieu.