logo

Lavapiès

Le quartier de Lavapiès est un quartier populaire de Madrid dont mon pote Ugo se plait à dire qu’il est encore assez mal fréquenté pour y éprouver quelques frissons à certaines heures de la nuit, mais pas assez pour y risquer grand chose. Nicolas Rivière vient d’y faire quelques haltes.

Sur les pavés disjoints d’une rue à sens unique, une fois achevée l’ascension des escaliers de la station Lavapiès, il suffit de traverser le carrefour et de prendre la première à gauche en laissant derrière soi l’équivalent du Prisunic local…
Sous le ciel très incertain du Madrid de ces matins récents, le chemin du marché San Fernando avait les atours de la halte quotidienne et prolongée. San Fernando, on y prend ses aises et son temps. Une certaine façon de laisser traîner ses affaires, de jouer les prolongations.
C’est à l’amateur de « cante jondo » Ludovic Pautier que je dois de connaître le marché San Fernando, dont l’histoire récente n’a pas été de tout repos. Comme partout, la pression foncière et la « gentrification » n’y sont pas pour rien.
Réchappées de la voracité des investisseurs, les allées de San Fernando prennent à la mi-journée de drôles d’allures à LaSiempreLlena. Vermut j’oublie tout ! Merci Jorge.
Les héroïnes de la veille, usées par quelques slaloms inutiles Calle Echegaray, se remettent promptement en selle. « Vinos a granel » et garde-à-vous. Redescente, remontée…
Soudain, un verre Duralex fait des ronds sur la presse du jour. Sylvie, sans que l’on comprenne pourquoi, s’échine à déchiffrer l’Antonio Lorca du jour. El País passe entre les mains. Les moues sont extrêmement dubitatives…
Une poignée d’instants plus tard et trois loges plus loin, définitivement délesté du quotidien national, l’escale chez José Gonzales marque comme à chaque fois le début d’un jour nouveau, d’une autre route.
José n’est pas à San Fernando depuis très longtemps. Avant d’y ouvrir Bendito, vinos y vinilos, il a étudié l’anglais. Il a aussi réalisé, dans le cadre d’un projet artistique, une série de photographies en noir et blanc qui sont des portrait des gens de son village natal dont j’ai oublié le nom mais qui n’est pas très loin de Ciudad Rodrigo…
Ces portraits ornent les murs de la petite alcôve décrépie qui sert de boutique à José. Sous le regard de ces villageois d’un autre temps (tiens, je repense à une juste formule d’Antonio Lorca à propos des Saltillo de l’autre jour : « Toros de otro tiempo para toreros de hoy »), José Gonzales n’a pas lésiné sur les boutanches…
La Galice profonde de Fedellos do Couto, l’Andalousie saline de BodegaVinificate et son Mahara Amorra qui donne envie de tomber amoureux, sans oublier l’étonnant travail du collectif Envínate et ce vin d’Estrémadure totalement hors-circuit, Tinta Amarela, dont les sortilèges obscurs ont accompagné en silence les derniers compagnons de la nuit madrilène.
¡ Hasta pronto José !

Nicolas Rivière

Laisser un commentaire

*

captcha *