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Tafalla 2019

Vendredi 16 août 2019. Tafalla
6 toros de Prieto de la Cal pour ‘Joselillo’, Fernando Adrián et Javier Antón

Samedi 17 août 2019. Tafalla
6 toros de Saltillo pour Sánchez Vara, Nuno Casquinha et Raúl Rivera


La pharmacie de la plaza del Castillo, à Pampelune, facture la boîte de 40 comprimés de paracétamol (1gm) à seulement deux euros cinquante. 40 comprimés, si on calcule rapidement, ça couvre quasiment vingt gueules de bois, vingt resacas mémorables, les dents du fond qui baignent, le pivert dans la tronche… Deux euros cinquante, y’a pas à dire, on sait vivre en Navarre…

Après deux comprimés descendus direct à coups de cidre au comptoir du Café Gaucho tout en essayant de retrouver par n’importe quel moyen les noms des toreros qui accompagnaient ‘Joselillo’ au cartel de la corrida de Prieto de la Cal donnée vendredi soir à Tafalla, un vieil habitué reposa négligemment le Diario de Navarra sur le vieux bar en bois. Et là, bien sûr, la connerie à ne pas faire, c’est de lire la reseña.

J’ignore à quoi gaze le dénommé Javier Celay, mais le psychotrope a l’air d’envoyer une drôle de purée. Le mec a paraît-il vu des taureaux « impeccables de présentation », des toreros certes parfois dépassés, du moins pas à la hauteur, mais globalement une course honnête, exigeante.

Pas un mot sur les lidias minables, les piques lamentables, la « puntilla por detrás », rien non plus sur l’indifférence générale dans laquelle ce condensé de carences, de turpitudes, de servitudes salopardes et volontaires, se déroule. Non, rien, pas un mot.

Aucune photo non plus, nulle part, au fil de la poignée de pages consacrées à la course de Tafalla, de ‘Caralimpio’, ce sobrero de Rosa Rodrigues, honte inégalable qui puisse être faite à la cabaña brava, une espèce de comment dire, de merde, à côté de quoi un veau de Bazas impressionnerait par sa présentation.

Même lu de traviole, le compte-rendu de Celay, 3500 signes espaces compris, nécessite un comprimé supplémentaire. Le pharmacien était pourtant formel sur la posologie: une prise toutes les quatre heures, pas plus.

Ce bref écart sur l’ordonnance explique peut-être la somnolence, l’impression d’avoir roulé des heures sur la route qui mène de Pampelune à Tafalla, trente kilomètres à peine, la montagne que l’on pète en mille morceaux et qui surplombe, éventrée, les station-services à l’entrée de Tiebas.

Au bout du chemin, sous les platanes et la poussière, un lot de Saltillo dont la rumeur disait le plus grand mal. Ils l’ont fait mentir, comme souvent. Le premier, ‘Quincallo’, combattu par Sánchez Vara, fut l’archétype de ces mauvais qui se révèlent, de ceux qui sentent monter en eux le destin de leur race. ‘Quicallo’ n’était pas inoubliable, mais ce manso initial que l’arrastre emporta avec une oreille en moins, n’a pas démérité.

D’autres non plus n’ont pas démérité, en dépit d’assassinats réglementaires à la pique, tels ‘Librado’, ce cinquième applaudi à son entrée en piste, ou ‘Cazaconejo’, l’ultime du jour, euthanasié après trois passes par un torero dont je n’ai jamais su le nom et qu’en toute vraisemblance je ne reverrai pas.

Texte de Nicolas Rivière


Nous reviendrons plus longuement sur la très intéressante course de Saltillo de Tafalla dans les prochains Analectes.

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