Madrid Vendredi 23 mai : 6 Victoriano del Rio (tous cinqueños et au-dessus de 560 kg) pour Emilio de Justo, Roca Rey et Tomas Rufo.
Lot sérieux, cumplidor au cheval, faible le 5.
On avait prévu une introduction autour du retour de King Rock à Las Ventas depuis la sortie de « Tardes de Soledad » et surtout depuis sa prestation controversée d’octobre dernier, mais l’on s’en tiendra finalement à un sorteo malheureux, une inspiration en rideau en dépit de deux quites* aux 1 et 4 et peu de chose en dehors d’un brindis du 5 à Díaz Ayuso en callejón. Pénible avec ce dernier, faible et protesté depuis le premier tiers, il allongea inutilement une faena despegada.
De Justo eut largement plus à bricoler avec un premier réservé qui se surprit à aimer les vuelos de la muleta sans ayuda en fin de faena et récolta en récompense une pluie de pinchazos. Mais surtout il coupa l’oreille du 4, énorme ‘Bocinero’ de 600 kilos passés qu’il ne vit pas clair au capote (dépassé) et qui s’avéra extraordinaire pour l’exercice délicat du toreo au troisième tiers. Longue faena, brouillonne et irrégulière qui finit par décoller sur la fin sans toucher les sommets qu’autorisait la charge templée du toro. Une bonne épée desprendida valida le premier mouchoir. Emilio venait de toucher à la fois le toro de la course et le plafond de verre.
Rufo attaqua à genoux un 3 qui venait comme un train et sembla se luxer l’antérieur droit à la seconde passe. La faena s’éternisa pourtant face à un adversaire diminué dont on devinait les intentions. Mal, très mal, à l’épée. Le 6, ‘Alabardero’, reçut un accueil froid accentué par un galop douteux de coordination au premier tiers. Sergio Blasco et Fernando Sánchez saluèrent aux banderilles (Sánchez laisse l’avantage au toro mais cloue en dehors du berceau) puis Rufo brinda à tous. J’avais en tête des impressions pénibles de toros mal exploités par le Tolédan, je vis tout le contraire : faena dans les terrains festifs du 5, vista du torero qui avait tout vu et attaqua bille en tête, pied au plancher et main basse, enroulant le toro dans un pouce carré de terrain de la main droite. Faena courte et intense qui fit craindre qu’à tant l’obliger le toro finirait par se rendre ou baisser. Mais le Victoriano tourna court et serré sans relâche ni sans que le matador ne tombe dans le piège de la noria, de la vis sans fin, planqué dans l’oreille du toro. Série de naturelles cumbre sur la fin de l’exercice, serrées, liées, templées et données pa’dentro. Paire d’oreilles au bout de la lame et porte grande en approche, Rufo s’en était intelligemment tenu à la crème de l’embestida de ce Hallebardier qui avait probablement 50 passes de plus à offrir à un comptable à paillettes. Il s’engagea trois fois, trois ! laissant autant de pinchazos. Adieu Berthe, le torero défait resta longtemps assis sur l’estribo le visage enfoui dans la serviette. « Tariffs » ou maladresse, l’acier espagnol est décidément en crise : Fortes et Rufo viennent d’y perdre cette semaine une fortune chacun.
Plus tard dans la soirée, vint enfin l’immense prestation péruvienne et le triomphe attendu dans l’assiette fabuleuse de « Tampu », calle Prim.
*je ne résiste pas au plaisir de partager la qualification par mon voisin Demetrios du quite par Saltilleras au 4 : cortinazos (de cortina, le rideau…)