Madrid 25 mai, 6 Fuente Ymbro pour Curro Diaz, Román et Diego San Román qui confirmait l’alternative.
Cartel de seconds couteaux, du bois chez Fuente Ymbro!
Jusqu’au quatrième toro l’on s’interrogeait sur ce que l’on pourrait bien raconter. J’avais, par exemple, pioché au détour du programme que Curro Diaz avait pris une alternative de luxe incertain avec Juan Carlos García pour parrain, lequel banderille désormais à ses ordres. Sans saluer, il cloua bien au second. Du bois donc, de la tête mais rien dedans, la course du jour prenait donc le chemin de la juanpedrada de la veille, le premier fuyait aux planches, les autres s’arc-boutaient en défense faute de pouvoir courir. Les têtes étaient mobiles, Curro Diaz qui n’est plus un jeune premier, en dépit d’une coupe de cheveux au tombé impeccable en toutes circonstances, dansa avec les deux tromblons de l’après-midi, le 4 ‘Tremendo‘ tenait du cervidé et agitait ses perches en tous sens. Brindé à la va-vite au burladero des éleveurs, il fit un demi-tour de piste lors du troisième tiers et fut liquidé d’un demi metisaca bas et d’un bajonazo sans remord. Le 2 avait essayé de sauter la barrière pour fait notable, ce qui est un peu léger. Brindis au centre saugrenu, tentative à gauche puis Entière rinconera et à l’equarrissage. Je ne saurais vous expliquer pourquoi mais il y a une indéniable toreria dans ses liquidations des affaires courantes.
Román connaît ses publics, ses plazas et ses effets : il joua le jeu du cite de loin au 3 qui venait sans style cabeceando, ce qui n’arrangea pas les affaires du Valencien, très accroché à droite. Mieux à gauche avant un abandon de la bestiole sans moral. Diego San Román, confirmant du jour avait ouvert l’après-midi avec un boeuf auquel il dut régulièrement taper l’épaule pour ne pas partir pour de bon aux planches. Le Mexicain essaya beaucoup sans grand succès : en plus d’être manso, le toro avait un parcours réduit. Estocade habile au fil des planches pour l’anecdote. Nous notâmes l’hommage à son compatriote Gaona lors de son premier quite ; serré.
Bref, après quatre toros, nous n’avions rien vu et le temps se faisait long. Sortit alors ‘Comisario‘ qui rematait loin au capote et humiliait dans les leurres, une révolution, une révélation ! Très fixe, très attentif, il y eut un moment de flottement au premier tiers pour la mise en suerte, puis Román a donné la distance au troisième et le commissaire a mis la tête. Tout ne fut pas si clair, notamment au début à droite avec une muleta trop souvent touchée. À gauche le Fuente Ymbro s’avisa plus rapidement jusqu’à crocheter la jambe du Valencien et l’envoyer valdinguer dans les airs sans cornada. Et comme Román a en plus du commun des mortels d’avoir une case en moins ou quelque chose comme ça, il enchaîna avec des Bernadinas réellement à feu et à sang, rematées par deux pases de pecho dont on se demande encore à propos de la première par où et comment est passé le toro… ‘Comisario‘ était un toro exceptionnel de transmission et d’humiliation encastée, de celle qui monte jusqu’aux étagères vous coller un frisson le long de l’épine dorsale et qui sur le sable vous consacre ou vous démasque. Román fut à la hauteur du défi, face au danger, mais ne put « exploiter » totalement le filon. Un pinchazo et une 4/5 d’épée perpendiculaire lui permirent de couper une oreille que personne ne contesta au vu de son engagement. Beaucoup demandèrent la vuelta de la dépouille sans succès. Un jour peut-être verra-t-on des toros au cheval à Madrid…
Lancée au 5, la course ne s’arrêta pas en si bon chemin puisque sortit en 6 ‘Judío‘ autre toro encasté, moins clair dans sa charge, plus violent et développant plus de sentido. Pour son deuxième toro « européen » Diego San Roman partit au front avec sa muleta et son couteau au centre y poco más. La faena prit très vite des allures de montagne russe sans avoir verrouillé le harnais ; disons que la droite était compliquée… À ce stade de ballottage, beaucoup auraient fini dans le callejon, l’éponge jetée sur la coleta arrachée. Mais Diego San Roman, sa muleta, son couteau et sa technique fruste découvrirent une voie (périlleuse) sur la corne gauche et s’y employerent crânement. On ne dira pas que le Mexicain « cuaja » le toro ni qu’il donna les naturelles de la temporada ni mucho menos, mais le fait de remonter la pente en s’exposant autant dans pareilles conditions méritait déjà un immense respect. Estocade delantera, petite pétition de sympathie de la frange de ses compatriotes et salut amplement mérité.
C’est ainsi qu’on vient à Madrid !