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Aucun bouquet ne vaut pour moi… (XIV)

Vasco da Gama Gregorio LopesS’il ne fut, comme l’écrivent aujourd’hui beaucoup d’historiens, qu’un prince mû par le seul esprit de croisade, il n’en demeure pas moins que l’infant Henrique propulsa le Portugal sur les eaux inconnues de la découverte ; qu’il eut le génie « d’avoir reconnu, en même temps que l’importance du but, l’énormité de la tâche, d’avoir su noblement se résigner à ne jamais voir son rêve s’accomplir, parce qu’il fallait déjà plus que le cours d’une vie humaine pour en préparer la réalisation 1 ».

De son vivant, Henrique a touché du doigt l’accomplissement des rêves de la dynastie des Aviz, fraîchement installée au pouvoir depuis 1385.

En 1434, Gil Eanes lui souffle que le cap Bojador n’est pas la fin du monde.

1460. Henrique meurt. Ses projets lui survivent. João II (1481-1495) s’y consacre. Le Portugal trépigne de trouver cette route des Indes qui le sortirait de la domination économique et commerciale des Vénitiens, mais surtout de celles des Génois installés à Lisbonne pour revendre les produits qu’ils commercent à l’est. Les Indes ? À la fin du XVe siècle, les Indes ne sont pas les Indes. Elles sont l’est, elles sont l’Afrique, que l’on ne connaît pas ou si peu, elles sont ces territoires désertiques qui permettraient de prendre les « Maures » à revers, de leur empêcher le commerce avec les peuples que l’on soumettrait. Car il faudrait soumettre et il faudrait christianiser. Les Indes. Tous en rêvent, par l’ouest ou par l’est, ils n’en dorment plus, se replongent dans les textes antiques, comprennent que la terre ressemble à une orange et non pas à l’assiette au-dessus de laquelle on la pelle.

1487. Bartolomeu Dias touche au sud. Le sud du sud (de l’Afrique). La légende raconte que João II aurait lui-même nommé le lieu cap de Bonne-Espérance. De là, le Portugal pouvait rejoindre par voie maritime le royaume de Prêtre Jean.

1494. Le Portugal signe le Traité de Tordesillas avec l’Espagne d’Isabelle la Catholique et de Ferdinand d’Aragon. L’Ibérie coupe le gâteau des découvertes en deux. Les autres n’ont qu’à se partager les miettes. À ce sujet, et de manière totalement digressive, accordons au roi de France Charles VIII l’Affable la palme de l’humour. Courroucé par la mise à l’écart de la France de ce partage, le souverain français se fendit d’un courrier adressé à Jean le Parfait, roi du Portugal : « Puisque vous et le roi d’Espagne avez décidé de vous partager le monde, je vous serais bien obligé de me communiquer la copie du testament de notre père Adam qui vous institue seuls légataires universels. »

João II prend son temps pour organiser le voyage. Il meurt avant que celui-ci n’appareille de Belém. Son capitaine-général meurt aussi, il se nomme Estêvão da Gama.

1497. Nous y voilà. Tout est prêt. Ce sera le fils d’Estêvão qui conduira l’expédition. Il se prénomme Vasco. Vasco da Gama.

Nous y voilà ! Car l’histoire de Fernando de Castro Van Zeller Pereira Palha et de la Quinta da Foz commencent en vérité avec l’expédition de Vasco da Gama aux Indes. De ses réussites maritimes et commerciales, le navigateur gagne son entrée dans l’Histoire, la reconnaissance éternelle de son peuple et une terre située à la confluence du Tage et d’une petite rivière dénommée Sorraia. C’est la terre « da foz », l’embouchure donc, celle de la Sorraia qui se noie dans le Tage.

La Quinta da Foz. Nous y voilà.

1. Jean-François Labourdette, Histoire du Portugal, Fayard, 2004.

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