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Aucun bouquet ne vaut pour moi… (XV)

LL-quintadafozConfessons que, longtemps, toute cette histoire de Vasco da Gama et des origines nous fit l’effet d’une genèse plus poétique, plus romantique qu’empreinte de véracité. Légende ! Il n’y avait d’ailleurs rien d’étonnant à cela. Virgile n’avait-t-il pas fait de Rome la fille des Troyens ?

Et les archives confirmaient, à première vue. C’est à la lecture d’un bulletin intitulé Benavente. Estudio historico-descritivo (1926) et signé Álvaro Rodrigues de Azevedo que l’idée de légende prit forme. Ainsi, les archives du concelho de Benavente sur lequel se trouve la Quinta da Foz indiquaient que  « le premier registre connu concernant la Quinta da Foz date de 1431 et fait référence à son propriétaire, la comtesse d’Ourém, et à la vente de ce bien au premier comte d’Atouguia, Álvaro Coutinho ». La suite écartait définitivement Vasco da Gama de l’affaire : déception sourde. « En 1544, un nouveau propriétaire apparaît dans le registre, António de Ataíde, comte de Castanheira. »

Pourtant, comme la terre au matin du 12 octobre 1492, et avec elle les brumes des premières heures du jour qui bientôt s’évaporent et au travers desquelles l’œil devine le bleu parfait d’un ciel qui s’impose à pas feutrés, Vasco da Gama était bien là.

Les rois sont bons pour ceux qui les servent avec zèle. C’est une bonté fragile, et la disgrâce est souvent sa jumelle. Vasco da Gama eut l’occasion de le découvrir lorsqu’il fut « inutilisé » durant vingt et un ans, mais à son retour de Calicut ce sont le faste et la gloire qui l’attendent. La Quinta da Foz n’est pas le seul présent qu’il reçoit du monarque. Ce dernier, Manuel Ier d’Aviz, le fait comte de Vidigueira par décret royal du 29 décembre 1519. Ce titre est transmis à ses descendants après la mort du navigateur, qui devient vice-roi des Indes en 1524. C’est son fils, Francisco da Gama, qui en hérite. Celui-ci épouse Guiomar de Vilhena, et avec elle ce ne sont pas moins de neuf enfants qui voient le jour. Parmi eux, une fille, Maria de Vilhena, épouse en 1560 un certain António de Ataíde, second comte de Castanheira. Pour ajouter du piment à la chose, il convient de relever que cet António de Ataíde n’est autre que le frère de Maria de Ataíde, épouse, elle, de Vasco da Gama (le petit-fils du navigateur), troisième comte de Vidigueira, donc frère de Maria de Vilhena.

Passons sur la suite de cette généalogie digne des Habsbourg d’Espagne du siècle d’Or (XVIIe siècle), ce ne sont qu’épousailles entre comtes de Vidigueira, Castanheira et autres titres nobiliaires récurrents. Ce qui est donc certain, c’est que la Quinta da Foz reste entre les mains, plus ou moins germaines, de la descendance de Vasco da Gama par l’entremise des comtes de Vidigueira, des marquis de Cascais, puis de ceux de Nisa ; le marquisat de Nisa ayant été créé au XVIIe siècle et donné à Vasco Luís da Gama, qui était déjà comte de Vidigueira, cinquième du nom. La boucle est bouclée, serait-on tenté d’écrire.

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