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Aucun bouquet ne vaut pour moi… (XIX)

antonio feliciano branco teixeiraAntónio Feliciano Branco Teixeira est le grand-père de l’actuel ganadero José Francisco Malta da Veiga Teixeira. Ils se ressemblent énormément d’ailleurs.

L’origine des Branco Teixeira force à s’abîmer dans cette époque que l’on peut considérer comme transitoire dans l’histoire des élevages de toros du Portugal, c’est-à-dire la fin du XIXe siècle et les premières décennies du XXe. Les Vázquez royaux ont essaimé dans tout le pays, mais persistent à leurs côtés des résidus de la vieille race des toiros da terra. De plus, certains élevages entament parallèlement un processus de « modernisation » — entre 1910 et 1940 —, faisant leurs emplettes dans les élevages espagnols convertis au Parladé.

Cette évolution qui était inévitable sonnait le glas de l’origine Vázquez et encore plus celui de la race portugaise. Quand il hérite de l’élevage, António Feliciano Branco Teixeira récupère une manade mal en point que sa sœur Ana María Correia Branco Teixeira n’a pas su ou maintenir au niveau, ou améliorer après que leur père, José de Sousa Teixeira lui a légué la ganadería à sa mort. Il l’avait fondée, en 1890 selon plusieurs sources concordantes, à partir de l’élevage de Mariana Dias de Canha, connue comme Dias de Pegões.

Peu de références existent sur cet élevage, si ce n’est qu’il fut, a priori, de race portugaise. En 1920, à la tête de la ganadería, António Feliciano croise son cheptel avec des bêtes provenant de l’élevage de Francisco Malta, de Montemor-o-Novo, qui n’est autre que l’arrière-arrière-grand-père du côté maternel de l’actuel détenteur des Veiga Teixeira. À ce sujet, ce dernier a eu l’amabilité d’éclairer notre lanterne pour éviter les erreurs entre les Teixeira, Branco Teixeira, Branco et autres Malta : « António Feliciano Branco Teixeira était mon grand-père paternel.  Manuel Santos Correia Branco était lui aussi mon ancêtre, grand-père de mon grand-père paternel. Francisco Malta est mon arrière-arrière-grand-père, grand-père de mon grand-père maternel, et mon autre grand-père (le paternel, c’est-à-dire António Feliciano Branco Teixeira) lui a acheté la ganadería à la suite d’une discussion père/fils avec l’aîné, João Malta. » Et d’ajouter pour achever le tableau d’une famille sans fin, avec l’humour qui le caractérise, que cet achat « n’a pas aidé aux bons rapports entre les deux familles… »

La ganadería de Francisco Malta avait pour sang principal celui d’Ernesto Ferreira Jordão dont l’élevage, apparu en 1881, était un mélange de bêtes achetées avant tout à José dos Santos Segurado, qui avait construit son cheptel à partir de vaches et sementales provenant de chez Infante da Câmara (père) et de chez Norberto Pedroso dont l’origine était… Infante da Câmara (père). Les relations concernant ces deux élevages laissent à penser qu’il s’agissait avant tout de bétail de race portugaise dont on peut imaginer qu’il avait subi des croisements avec du Vázquez, car il est avéré qu’Infante da Câmara a croisé à la fin du XIXe siècle avec des vazqueños. Certains ouvrages évoquent aussi un apport Duarte Laranja au sujet duquel il est impossible de trouver une quelconque évocation, même minime, de l’origine du sang.

En 1920, donc, Branco Teixeira mène une camada très clairement axée sur la vieille origine des toros portugais. Il ne s’arrête pas là et croise (par deux fois) ses Jordão de Malta avec des étalons achetés à Francisco Canas da Silva Vitorino. À cet endroit de l’explication, l’envie de balancer livres et témoignages se fait sentir tant l’entrelacement des origines et la bouillabaisse des patronymes rendent notre avancée incertaine. Selon Maqueda, il est possible d’attribuer à Silva Vitorino deux origines dont on ne sait laquelle l’emporterait sur l’autre : la première serait tout simplement qu’en 1901 il aurait acheté la ganadería d’António Frade ; la seconde, celle qui fait monter les larmes aux yeux, évoque un achat de cent vaches aux ganaderos Federico Tavares Bonacho, Barón de Almeirim, António Ferreira Roquete, Conde de Sobral et don Emílio Infante da Câmara. L’auteur précise, s’il en était besoin, que les sementales étaient de ce dernier !

Que retenir de cette longue liste ? Le Ferreira Roquete et le Conde de Sobral trouvaient leurs origines dans l’élevage du marquis de Ponte de Lima, celui-là même qui, déjà évoqué dans ces pages, était soupçonné d’avoir mélangé les vazqueños avec des toiros da tierra. Tavares Bonacho aurait été un héritier de la ganadería de Rafael José da Cunha, ganadería qui, comme beaucoup, était également un croisement de bêtes vazqueñas et portugaises. Pour en tirer une éventuelle conclusion, il paraît très probable que le Silva Vitorino ait été marqué de vazqueño, tout du moins en ce qui concerne les pelages. Tant Maqueda que Morais (qui, pour beaucoup, reprend le premier) notent que l’introduction des étalons Silva Vitorino apportèrent à la ganadería de Branco Teixeira les pelages colorado ojo de perdiz, listón, ainsi que le jabonero, qui prédomina alors, selon eux, après l’utilisation du dernier Silva Vitorino.

António Francisco Malta da Veiga Teixeira ne partage pas cette dernière affirmation concernant le pelage jabonero : « Les colorados, listones, et aussi chorreados, c’est correct, mais des jaboneros, jamais. Ceux-ci existaient mais dans la ganadería de son beau-père, le peintre et cavalier Simão da Veiga (père), mais je crois que l’ensemble de la ganadería a été vendu sans que mon grand-père eusse gardé des jaboneros pour sa propre ganadería. La raison de la vente (de la ganadería de Simão da Veiga), selon la tradition familiale, a été le mauvais aspect des toros après un hiver particulièrement pluvieux et avec de la boue partout dans le poil blanc des animaux. Les toros de Branco Teixeira étaient hauts, costauds, et les cornes, pour des plazas de primera, toujours en hauteur… »

Jaboneros ou pas, la ganadería de Branco Teixeira peut être comprise comme une photographie assez juste de ce que devait être nombre de ganaderías portugaises dans les premières trente années du XXe siècle. Comme beaucoup, elle maintenait ce mélange des toros locaux fortement gonflés et colorés par l’apport vazqueño du siècle précédent. L’introduction d’un sang plus contemporain dans l’élevage ne survint qu’à la fin de la vie d’António Feliciano Branco Teixeira, quand son fils, António José da Veiga Teixeira, prit part aux décisions concernant le devenir de l’élevage. Selon les éclaircissements fournis par l’actuel ganadero, « vers les années 1940-1950, influencé déjá par mon père, António José da Veiga Teixeira, mon grand-père a acheté des vaches Pedrosa, ganadería à la mode à cette époque-là, et qui furent complétées ensuite par des vaches Durão. »

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