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Encierros en blanco y negro

MoncayolaDans le dernier numéro de la revue Toros (n° 1979, 4 juillet 2014), Michel Brès, que l’on peut qualifier au sein cette revue et plus largement de spécialiste des Sanfermines, présente au lecteur l’histoire du pastor Germiniano Moncayola Resa, qui officia dans les rues de la capitale navarraise de 1929 à 1945. Moncayola était en sus le mayoral de la ganadería navarraise de Alaiza, ce qui, on l’imagine, lui donnait une connaissance hors pair du comportement du bétail brave. Germiniano Moncayola Resa est resté célèbre dans l’histoire des encierros pamplonais pour sa façon bien à lui de se présenter face aux toros, un bâton dans une main et sa veste pliée sur l’avant-bras de l’autre. Toros présente d’ailleurs l’affiche des Ferias y fiestas de San Fermín de 1924 sur laquelle on reconnaît aisément ce pastor si particulier en plein oficio face à un toro castaño.

Dans le très beau livre publié en 1998 par la Caja de ahorros municipal de Pamplona, Fermín Erbiti et Javier Manero ont sélectionné une superbe série de photographies d’encierros présentées dans le respect du parcours : Santo Domingo, Plaza Consistorial, Mercaderes, Estafeta, Telefónica, Callejón et Plaza de toros. Les clichés couvrent peu ou prou les quatre-vingts premières années du XXe siècle, et, à la page 113, apparaît Germiniano Moncayola, veste sombre et bâton fin citant un toro noir de Santa Coloma le 8 juillet 1932.

L’ouvrage Encierros en blanco y negro 1 est non seulement une passionnante plongée dans l’univers et l’histoire — les clichés permettent de prendre la mesure de l’évolution de la ville, du dressing code des coureurs, de la massification actuelle, du trapío des toros présentés à Pampelune, etc. — de cette course mythique où chacun joue sa vie gratuitement — quoique certains coureurs bien connus à Pampelune (Julen Madina et Emmanuel de Marichalar) proposent cette année contre monnaie bien sonnante, à des étrangers surtout, une espèce de coaching ridicule pour bien courir l’encierro —, mais elle offre aussi un regard extraordinaire sur la manière dont la photographie des encierros a évolué au cours du XXe siècle. Les clichés des années 1920 sont souvent des vues avec de remarquables perspectives dans lesquelles le bon cadrage devient un art et une nécessité, et où la manade est prise dans son intégralité. Le siècle vieillissant, le cadrage perd de sa force avec le rapprochement des photographes de l’action. On photographie des scènes, des moments particuliers, la vitesse de l’encierro. Le téléobjectif entre en action, l’autofocus aussi.

La force de ce livre réside enfin dans le fait que les auteurs ne sont pas tombés dans le panneau du sensationnel. Le choix des photographies témoigne d’une véritable passion pour les bons coureurs et n’insiste que très peu sur les scènes sanguinolentes, voire gore, auxquelles la majorité des photos actuelles nous a habitués, malheureusement.

1. Fermín Erbiti, Javier Manero, Encierros en blanco y negro, Caja de ahorros muncipal de Pamplona, 1998.

NDLR – Emmanuel de Marichalar souhaite apporter le commentaire suivant à l’article ci-dessus.

Monsieur Larrieu,

Votre article « Encierros en blanco y negro » paru dans Campos y Ruedos (http://www.camposyruedos.com/?p=3594) est très intéressant, mais comporte de nombreuses inexactitudes en quelques mots lorsqu’il est dit « certains coureurs bien connus à Pampelune (Julen Madina et Emmanuel de Marichalar) proposent cette année contre monnaie bien sonnante, à des étrangers surtout, une espèce de coaching ridicule pour bien courir l’encierro ».

Pour ne pas écrire ces quelques erreurs, il eut été intéressant d’aller à la source : sur le site web de notre projet ou en contactant les créateurs dont les mails sont indiqués.

Vous parlez de « coaching ». Il ne s’agit pas de cela. Le coaching a une définition précise et nous ne nous inscrivons pas dans ce concept. Dans le secteur des services aux entreprises, il s’agit de team building. Le team building touche à des sujets très variés comme le « paint ball », la course d’orientation, le rallye pédestre, le sport (rugby, rallye pédestre, etc.). Au même titre, nous proposons une activité liée à l’encierro.
Dans tous ces cas, il s’agit d’une activité commune à un groupe de personnes pour développer des valeurs ou des qualités, ou révéler des défauts ou des empêchements (pour faire court).

Ce projet n’enseigne en aucun cas à « bien courir l’encierro » comme vous le dites. Sur la page d’accueil du site de ce projet, il est indiqué en lettres rouges :

– en espagnol (www.julenmadina.com) :
Para tu seguridad: En ningún momento te llevaremos a correr un encierro real

– en français (http://julenmadina.com/?lang=fr) :
Soyez rassurés pour votre sécurité ! Vous ne courrez pas devant les taureaux de Pampelune !

Enfin, ce projet n’est pas proposé « à des étrangers » comme vous l’insinuez, mais à tout le monde, sans ségrégation.

Il suffisait de se renseigner pour ne pas se tromper.

Merci à Campos y Ruedos d’avoir accepté de publier ce rectificatif.

E. de Marichalar

  1. Laffittau Répondre
    Coucou Laurent. Oui nous avons changé de siècle! La mondialisation, le sensationnel, les nouvelles technologies ont transformé les moments authentiques vécus à Pampelune. Dommage! Mais ne soyons pas trop négatifs....Heureusement je peux suivre les encierros tous les matins après mon petit déj bien tranquillement sur mon canapé car je n'ai plus envie d 'être ,sur les balustrades! Et cette foule massée galopant Rue Estafeta m'impressionne trop...Tu dois être dans qq position statégique ces jours-ci avec ton appareil photo prêt à être actionné! Tu créeras ton blog pr en faire profiter les copains

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