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Aucun bouquet ne vaut pour moi… (XXVIII)

LL-valedosorraiavacheÀ « Torrinha », ‘Chinarra’ et ses sœurs allèrent compléter le troupeau des vieilles vaches, celles dont les origines n’avaient pas grand-chose à voir avec les Parladé de Pinto Barreiros. Les duchesses veragüeñas partageaient ainsi les terres sablonneuses d’un petit paradis avec les Pinto Barreiros, donc, mais aussi certainement avec quelques anciennes portugaises héritées du père de David Godinho, Manuel Ribeiro Telles, et quelques Branco Teixeira. Il n’existe aucune trace de l’élevage paternel dans les ouvrages consacrés aux ganaderías portugaises.

Néanmoins, certaines références dénichées çà et là font mention d’un élevage fondé à la fin du XIXe siècle par Joaquim Ribeiro Teles, de Coruche, né en 1852, et transmis, en 1900, à son fils Manuel Ribeiro Telles * ; élevage dont une corrida est recensée à Chamusca, en 1929, avec des bêtes de race portugaise. Il n’est pas difficile de se figurer que, lorsqu’il hérita du troupeau, David Ribeiro Telles conserva quelques vielles vaches familiales aux côtés des nouvelles Pinto Barreiros.

En 1964, l’histoire ganadera de la famille Ribeiro Telles prit son véritable essor. En effet, c’est à cette date que David Godinho acheta une des parts de l’élevage Herdeiros de Emílio Infante da Câmara, ce qui lui permettait d’inscrire son nom à l’U.C.T.L. et de s’ouvrir de la sorte les portes de l’Espagne. Le bétail d’Infante da Câmara ne l’intéressait aucunement, et il s’en défit aussitôt au profit de vaches et sementales en provenance de… Pinto Barreiros, António Silva et du vice-comte das Fontainhas (largement Pinto Barreiros). Le fer ne l’attirait pas non plus ; il le changea donc par l’actuel fer des Ribeiro Telles, un J collé à un R, semble-t-il hérité de ses aïeux paternels. La naissance de ce nouvel élevage ne signifiait pas pour autant la mort du premier, dont on peut penser que mestre Ribeiro Telles éprouvait à son égard une tendresse toute particulière : c’était l’élevage de ses débuts, celui de sa jeunesse ; c’était l’héritage de ses parents ; c’était aussi les enfants de ‘Chinarra’ !

Aujourd’hui, les deux ganaderías existent encore. Le fer du « JR » continue de voir grandir des Pinto Barreiros, croisés cependant avec du Domecq depuis les années 1990 — Santiago Domecq et Jandilla —, alors que celui hérité de David Godinho sert à marquer d’étranges toros cárdenos, imposants, costauds, rares et destinés uniquement aux touradas. Ce sont les Vale do Sorraia. Il eût été accommodant de penser que ces animaux aient pu présenter des lignes assez proches de celles de la vieille race portugaise, voire, même diluées, de celles des Veragua au regard des origines des bêtes à la naissance de la ganadería.

Or, la réalité est un peu plus nuancée. Les toros et les vaches de Vale do Sorraia (celles-ci paissent à « Torrinha ») sont majoritairement gris et rappellent énormément certains astados asaltillados que l’on peut rencontrer dans les dérivations Buendía, pour le Santa Coloma, Albaserrada et, bien sûr, Saltillo. En allant plus loin, quelques exemplaires présentent des corpulences et même des têtes qui convoquent dans la seconde le souvenir des Pablo Romero (actuellement Partido de Resina). Pour autant, et c’est particulièrement vrai en ce qui concerne les vaches, la forme des cornes, presque cornipasas, montant droit vers le ciel, évoquent aussi la vieille race portugaise. À cet égard, la ressemblance qu’il est possible de constater entre certaines vaches de Vale do Sorraia et celles de Rita Vaz Monteiro est par moment frappante.

L’élevage est aujourd’hui mené par un des fils de David Ribeiro Telles, Manuel Ribeiro Telles. Homme sympathique mais taiseux, le ganadero ne délivre qu’avec parcimonie les quelques bribes de généalogie taurine qu’il s’autorise à divulguer au sujet de ses bichos, et résume le tout en un nom : Norberto Pedroso.

* Il est à noter que les archives généalogiques de la famille proposent l’écriture « de Teles » ou « Telles ».

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