C’est certainement l’instant le plus attendu des fêtes de Ciudad Rodrigo, le plus intense et le plus émouvant sans doute. Le moment cent fois rêvé, cent fois espéré, qui sera, plus tard, cent fois raconté. C’est le moment qu’aucun ne voudrait rater… pour rien au monde ! Pourquoi ? Pourquoi y aller ? Pourquoi y retourner encore ? À quoi bon ?
Simplement parce que Ciudad Rodrigo se rappelle cet instant avec un bonheur chaque fois renouvelé, et que chacun éprouve une satisfaction intime, unique et personnelle. Parce qu’il est impensable de ne pas grimper en haut des murailles. Parce qu’il est impossible de ne pas scruter l’horizon à la recherche des silhouettes féériques que l’on devine au loin, dans la plaine, entre les lueurs diaphanes des brumes hivernales et la poussière soulevé par la fantasia des chevaux. Parce que le spectacle des cavaliers entraînant les toros dans leur sillage est superbe et saisissant. Alors, comment résister à leur approche ? Comment résister à leur appel effréné ? Comment ne pas courir devant les toros sur le Paseo Nuevo, dans la rue du Registo, ou dans celle de Madrid ? Comment faire ?
Pour les habitants de Ciudad Rodrigo c’est l’instant de fraternité. Tous vivent à l’unisson ces moments au milieu d’une foule joyeuse et bigarrée. Tous ont entendu, un jour, résonner dans leur dos l’inquiétant concert de sonnailles et le carillon de la grande cloche de la cathédrale annonçant l’arrivée des toros. Tous ont couru, tous ont chanté, tous ont crié. Tous ont partagé la même émotion qui les rassemble chaque année pour vivre leur Carnaval del toro avec une ferveur inchangée. ¡Viva la tierra charra!
Cette fois, ça y est, 2015 c’est parti !