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Castillejo de Huebra

castillejo12Le toro est œuvre humaine. Le sang qui coule dans ses veines a certes une histoire, plus ou moins longue, mais la teinte qui lui est donnée est le seul fait du ganadero et du temps présent.
Pendant des années, Juan Manuel Sánchez a dirigé de main de maître les fers détenus par cette famille charra pur jus. Pour prendre la mesure de l’entreprise, il n’est pas vain de rappeler que les Sánchez élevaient à une époque des Buendía marqués du hierro de Terrubias, des Vega-Villar, joyaux de la maison, sous le nom de Sánchez-Cobaleda, des Murube origine contrôlée avec les Castillejo de Huebra et enfin des Murube croisés d’Atanasio Fernández — le campo Charro faisant loi — mis au nom du grand ordonnateur, Juan Manuel Sánchez.
Jusqu’à son décès, le patriarche a imposé ses vues sur le destin de chacun des fers et a consacré les costauds Castillejo de Huebra à l’usage presque exclusif de la tauromachie à cheval. Le marché, friand de l’origine murubeña, était assuré et la difficulté à écouler en corrida à pied les encierros des autres encastes semble donner de la crédibilité aux choix d’un homme décrit par ceux qui l’ont connu ou seulement cotoyé comme inflexible.
Peu ou prou, son départ a correspondu avec l’annonce de la disparition des fers de Terrubias et de Sánchez-Cobaleda ; disparitions crève-cœur pour n’importe quel aficionado a los toros venant s’ajouter à la liste, malheureusement non exhaustive, d’autres ganaderías ayant rendu les armes face aux difficultés d’un marché de plus en plus uniformisé, aux tracasseries administratives et vétérinaires, à l’évolution de la corrida et des publics qui la font vivre. Le discours est connu et n’est pas prêt d’évoluer vers un ciel bleu azur.
Même un genou à terre, les héritières de Juan Manuel Sánchez continuent de se battre pour faire vivre ce qui demeure dans la famille : les Juan Manuel Sánchez mais surtout les sérieux Castillejo de Huebra. Certains toros, touchés à morts, couchés de tout leur long sur le linceul de leur agonie publique, continuent pourtant de donner de la tête quand s’avance vers eux le puntillero qu’ils distinguent à peine. Majeroni Sánchez-Cobaleda — soutenue par son mari — et sa sœur ont de la caste à revendre et n’ont pas fini, elles aussi, de donner les indispensables coups de corne qu’exige l’affirmation de leur volonté. Dans le panthéon bravo des défenseurs de la diversité, l’encaste Murube n’est pas celui qui suscite le plus d’espérances, loin s’en faut. Le sang n’est pas en danger imminent comme peuvent l’être ceux de Saltillo, Miura, Partido de Resina, Veragua, Coquilla car le créneau du rejón lui tient encore la tête hors de l’eau. Pour autant, en ce qui concerne les corridas classiques, le Murube est devenu une interrogation à laquelle il est rare de pouvoir répondre. A une époque pas si lointaine — quoique —, le ‘Niño de la Capea’ sortait quelques lots dont certains à Pamplona, la maison mère faisait de même et certains se remémorent peut-être l’estampe — pourtant sortie du type — nommée ‘Sabihondo’ qui avait remporté feu le concours de la Madeleine en 1993. 1993 ! L’an dernier, les organisateurs de Saint-Perdon avaient eu la bonne idée de présenter un exemplaire de Castillejo de Huebra lors de leur novillada concours du mois d’août. La mémoire a fait son oeuvre et rien ne reste de ce novillo mais revoir du Murube en piste, face aux piqueros et face à un très incertain devenir est une bonne nouvelle. Le mayoral de l’élevage de Castillejo de Huebra attend le rendez-vous de Parentis avec impatience mais sans se monter la tête. Il connaît ses toros et il connaît les caractéristiques de l’encaste.
– « Le Murube ? Il se comporte comme il entre en piste : s’il est bon dès l’entrée en piste, il reste bon. S’il se comporte mal…sourire, il reste mauvais ».
Majeroni Sánchez-Cobaleda ne s’arrêtera pas à Parentis. S’ouvrir le créneau des novilladas piquées fait partie des objectifs que son père reniait. C’est à elle maintenant de teinter le sang de ses Murube.

Retrouvez, sous la rubrique « Galeries », quelques photographies prises chez les Castillejo de Huebra en mai 2015 — Les photographies 1 à 6 correspondent à des novillos reseñés en mai pour la novillada de Parentis.

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