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Cro-magnon sans ambiguïté

villarsQu’y-avait-il avant l’Histoire ? La préhistoire comme son nom l’indique. Avant l’Histoire, c’était le temps sans mots écrits. Nos ancêtres cueillaient, pêchaient, se faisaient bouffer par des bêtes énormes, devaient s’empoisonner en bectant des champignons fluo et copulaient en doggystyle jusqu’à ce que la gonzesse de Naoh lui apprenne le missionnaire à la fin du film. Les hommes des cavernes chassaient pour vivre et certains morveux s’amusaient à peindre leurs conneries sur les murs de sombres grottes. Comme les bisons n’étaient pas particulièrement enclins à se laisser enfiler en brochettes découpées au silex, ben ils chargeaient, ils fonçaient sur les hominidés qui devaient pousser des cris d’effroi, de stupeur ou de joie, parfois. Impressionnés, certains morveux donc, dessinaient — franchement super mal, même Miró fait mieux — ces aventures de chasse sur les parois nocturnes de grottes au fond desquelles ça devait refouler sec du bec et des pieds. Passons sur ce genre de détails.
Pour raisons scientifiques bien compréhensibles, les spécialistes de la Préhistoire évitent d’interpréter ces scènes pariétales autrement qu’en s’accordant de supposer qu’il puisse s’agir de rituels parfois sacralisés. On y va avec des pincettes chez les préhistoriens, un peu a contrario des techniques de chasse de leur objet d’étude.

A l’image de la démarche « légère » de l’Australopithèque, l’ONCT et l’UVFT vont dévoiler la semaine prochaine à Saint-Sever une exposition faisant remonter la tauromachie à la peinture du bison chargeant un hominidé dans la grotte de Villars (24). Ceux qui suivent depuis quelques années les théories urluberluesques du phare de Vieux-Boucau — un ami faisait remarquer les très grandes similitudes entre le logo de son site et celui de l’ONCT — savent que cette interprétation est devenue son cheval de bataille pour défendre la corrida et dans cette démarche, il est suivi par d’autres qui n’hésitent pas à écrire de grosses conneries — parfois on regrette le temps où l’histoire se trouvait dans sa phase pré — comme celle-ci qui mérite son pesant de cacahuètes paléolitiques : « Comme tout ce que fait André Viard, c’est parfaitement documenté — (jamais vu une bibliographie chez Viard. Ndlr) — et superbement illustré. Les opinions de Gilles et Brigitte Deluc, grands spécialistes de Lascaux, sont requises. Ils décrivent mais se refusent à interpréter. Toutefois ils admettent comme leur maître Leroi-Gourhan, que l’art préhistorique pariétal témoigne sinon de religions, au moins de rituels et que les grottes qui les renferment peuvent se comparer à des cathédrales. À Villars et à Lascaux, la figure humaine défiant le bovin est représentée dans les endroits les plus inaccessibles du sanctuaire, dans un puits à Lascaux, comme s’il s’agissait d’un bien précieux à protéger dans des tabernacles, comme si ce lien d’admiration-compétition que l’homme établissait avec le taureau était à sacraliser.
L’argumentation que Georges Charrière a développée en 1968 dans « La Revue de l’histoire des religions » est sans ambiguïté. Pour lui, comme pour André Viard, les scènes « homme et taureau » représentées à Villars, Roc de Sers, et Lascaux sont des tauromachies premières. »

Et l’auteur de la dithyrambe , Jean-Jacques Dhomps, de nous fournir l’analyse « sans ambiguïté » de ce Charrière :

Georges Charrière, en 1968 dans « La revue de l’histoire des religions » n°174-1, publiée par le Collège de France :

« Curieusement il existe d’ailleurs, dans l’art paléolithique, un thème du bison chargeant et de l’homme chargé qui est l’un des rares où la bête et l’homme interviennent dans une même action, avec leurs formes propres. La plus troublante figuration est une peinture de la grotte de Villars (Dordogne) où un homme, face au bison qui le charge comme au Puits de Lascaux, c’est-à-dire tête baissée et fouettant de la queue, fait face à la bête avec une allure de matador, agitant peut-être de la main droite quelque cape ou leurre qui détournera la hargne de l’animal.

A cette première figure, qui serait classique dans la tauromachie, s’ajoute la sculpture du Roc de Sers où l’homme pourchassé par le bovidé évoque encore quelque cliché de l’arène, soit la parade habile d’un déhanchement qui esquive, soit au contraire l’imminent et peu glorieux encornement de son postérieur.»

On se demande — et on craint le pire — quelle interprétation ce Charrière donna des mains peintes sur ces mêmes murs…

  1. ludo Répondre
    Ahahahaha, Excellent ! Dédé, l 'homme de néant rectal.
  2. Bernard Grandchamp Répondre
    Et superbe volée de Ludo, bien plus élégante que "l'homme de réant nectal"...

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