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Anticyclone télévisuel

LL-palhaladino2010Loin d’être une insulte, les Açores sont un nom d’oiseau. L’açor en portugais, l’autour des palombes en français, l’Accipiter gentilis en latin. L’autour des palombes est un rapace de taille moyenne d’après l’encyclopédie ce qui ne signifie pas grand-chose, il faut en convenir, et aussi bien mâles que femelles présentent des plumages aux teintes bleutées et grises comme ces confettis de terre que les vents ont abandonnés au large d’un océan sans fin. Les Açores — l’archipel fait partie de la Macaronésie —, c’est le bout de notre monde ; après, la mer fout la trouille. À cheval sur deux plaques tectoniques, percées de volcans encore actifs, les Açores ce sont des grains de poivre vert dans la soupe froide de l’Atlantique démesuré.
Comme ce sont les Portugais qui découvrirent l’archipel au XV° siècle, et non pas les frères ennemis d’Espagne, aux Açores, on dit toiros ou touros et pas toros. Et comme on doit parfois trouver le temps long à contempler une vie durant du gris et du vert sur du bleu, les touros, aux Açores, on les lâche dans la rue, tenus en laisse, mais mal. Il suffit de se balader sur certains sites taurins ou sur les réseaux sociaux pour dénicher très vite des vidéos de cartons impressionnants, de sustos électriques et de cornadas cycloniques. Les toiros, c’est le poivre de leur vie insulaire, du poivre noir qui monte au nez.
Mais les Açores, c’est à 1500 bornes du Portugal. On en rêve depuis un bail — comment le nier ? — et on y arrivera mais c’est encore, aujourd’hui, trop loin. Reste des photos, quelques sites locaux et… ce superbe diptyque offert en ce début d’année 2016 par l’équipe de Signes du toro et racontée, comme il se doit, par la voix apaisante et poétique de Joël Jacobi. Deux épisodes pour faire oublier les antis, les figuras, les cartels insipides, le verbe humillar et le substantif collaborateur. Deux épisodes pour recroiser, ému, la route de ‘Ladino’, semental de Fernando Palha parti en 2010 rejoindre le micro élevage de Henrique Dedalo, là où naît notre beau temps. Deux épisodes au pays des guarda-chuvas où le soleil et la pluie paraissent ne faire qu’un dans une intarissable parade amoureuse.

Épisodes n° 91 et 92 de Signes du toro.

Pour se régaler encore plus, nous vous conseillons l’écoute de la sublime voix de Mariza qui chante la pluie :  » Chuva « , Mariza.

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